Extrait du journal

Lorsque l’on examine la méthode de travail du Parlement de la « Démocratie française », une chose frappe de suite : la différence de « vitesse » pour l'établisse ment des lois. Suivant la nature de ces lois, suivant leur objet, suivant aussi les intérêts qu'elles doivent défendre, on constate soit une lenteur désespérante, souvent suivie d’avortement, soit une célérité, une précipitation qui tient du prodige. S'agit-il de défendre l'Etat bourgeois, dépôt de projets, rapports, discussion se suivent à un rythme accéléré. De même -juand il s’agit de finances, d’invxjts, de douanes, de vente des riches*'-- collec tives à la fortune privée. Par contre, les quelques dispositions qui pourraient intéresser les travailleurs et leur avorter, au moins momentanément, quelques satisfactions dorment pendant des années dans les dossiers. Quand elles en sortent, elles ne répondent plus aux circonstances nouvelles et l’on apporte encore à leur discussion tous les retards que la procédure parlementaire permet. Et chacun sait si elle en autorise ! Nous avons vu, par exemple, lors des crises financières, la Chambre siéger sans désemparer : il fallait voter rapide ment des impôts nouveaux et accroître les anciens. Tours de passe-passe, et per sonne n’a oublié avec quelle rapidité les impôts Loucheur, Péret, Poincaré-Herriot sont tombés sur les épaules des con sommateurs: une avalanche. Le tarif douanier devait être voté le temps de faire une pirouette. Il n’est d’ailleurs ajourné que d’une quinzaine et il sera voté à toute allure par une Cham bre où le Capital domine. Ce sont à présent les lois militaires qu’il faut, paraît-il, accepter les yeux fer més. Il y va du « salut du pays », « de la paix ». Les gouvernants avouent par cela même qu’ils n’ont aucune illusion...