Extrait du journal

éditorial Il apparaît bien acquis maintenant que l'ac tion conciliatrice de M. Pierre Laval à Genève doive connaître le succès qu'on espérait et grâce auquel pourront s’éloigner, avant qu elles ne se dissipent complètement, les menaces de guerre en Afrique Orientale. Il faut en toute justice rendre au chef du gouvernement français l’hommage qu’il mérite : c’est ce que fait au reste l’opinion publique, non seulement en France, mais encore à l’étranger. Elle reconnaît que M. Pierre Laval a mené le jeu diplomatique et qu’il l’a fort bien mené, tirant, avec beaucoup de sens politique, le meil leur parti d’une situation fort complexe et fort délicate, demandant à chacun, et finissant par l’obtenir, ce que chacun pouvait donner. A la vérité, ce qui explique peut-être le suc cès de celte entreprise, c’est que le représen tant de la France, dans une telle conjoncture, défendait le point de vue d’un pays dont les véritables intérêts se confondent avec ceux ae la paix. Il est fort possible que nul n’en dou tait, et c’est probablement pour cela que Ai. Pierre Laval a eu une telle audience : non point du reste qu’il faille diminuer les mérites de l’homme, qui avait les qualités requises pour mener à bien une entreprise de conciliation, mais il est évident que les causes les meilleures sont celles qui se plaident le mieux. Pour tout dire, M. Pierre Laval a été le bon avocat d’une juste cause. Ce n’est point certes que la roule soit main tenant complètement dégagée et sans embûches. Mais on a fait plus et mieux que de gagner du temps. On a réussi à amener dans les esprits une détente certaine. On peut maintenant réflé chir et réfléchir de sang-froid, ce qui autorise tout de même à penser qu'une guerre peut être évitée. Car à la réflexion on finira peut-être par s’apercevoir — il faut du moins le souhaiter — que ies intérêts en cause, en Afrique Orientale, ne sont fxis nécessairement inconciliables et qu’il peut être trouvé un compromis de raison et de justice toujours préférable à l’effusion do sang. C'est ce que la France, par l’intermédiaire du chef de son gouvernement, a recherché. Si elle réussit à l’obtenir, elle aura bien mérité de la paix....