Extrait du journal

LES VITRES DU MINISTERE ou l’histoire de France en une leçon On a souvent dit et redit que nos minis tères s’ignoraient les uns les autres — mais rien ne vaut pour illustrer l’étanchéité do 00 cloisonnement une petite leçon de choses cueillie sur le vif. Le ministère des Finances dut pendant la guerre pour installer les services des Bons de la Défense, occuper le pavillon de Flore d’où l’on avait eu tant de peine à chasser les Colonies. Mais les Finances n’occupent que l’intérieur des locaux — l’extérieur appartient en tant que monu ment historique à l’administration des Beaux-Arts. Or, la toilette des vitres est assurée par les soins des deux services. Voilà des car reaux, direz-vous, qui sont bien nettoyés. En effet, mais par une vertu maléfique du sort les deux ministères n’agissent pas d’une façon simultanée si bien que lorsque les financières ont poli les carreaux des hautes fenêtres, qui sont fixes, une laiteuse buée piquetée de taches de pluie et de poussière accentue l’opacité du verre. Ce n’est que bien plus tard qu’arrivent les délégués des Beaux-Arts qui grimpés sur des échafaudages fourbissent à leur tour l’extérieur des vitres du pavillon de Flore, alors que la fumée des poêles ou des pipes les ont noircies du dedans — et l’on s’é tonne qu’il soit si difficile en France d’ar river à faire la lumière sur quelque chose — LA. G RE MILLE....