Extrait du journal

APRES LES ELECTIONS ANGLAISES WW Jeu parlementaire ou bataille électorale ? Si j’ai bien compris le récit télégraphique des agences, le gouvernement britannique vient I de donner un bel exemple de loyauté parlemen- i taire. Le roi ayant dû reprendre le lit le jour même des élections, les journaux furent priés de différer la nouvelle jusqu’au lendemain. L’émotion générale risquait do troubler les suf frages. Pour ne pas faire de peine à b auguste malade, on eût voté de préférence pour le parti conservateur qui passe à tort ou à raison pour le défenseur attitré de ses prérogatives. C’est justement ce parti qui était au pouvoir, et en grand risque, comme la suite l a montré. Il n’a cependant pas voulu profiter d'une cir constance qui pouvait lui donner la victoire, mais par infraction à la règle du jeu correct, du fait pla]f. Le lendemain, passant par la rue Scribe, je voyais une foule compacte devant la vitrine d’un journal quotidien de langue anglaise qui a son édition parisienne. De minute on minute, un autre bulletin se collait à la glace, avec trois chiffres, devant les noms des trois partis . conservateurs, libéraux, socialistes. Uu mur mure exclamatif l’accueillait, sans commentai res. Personne n'élevait la voix. Personne ne discutait. Les épaules se touchaient, sans bous culade. Les visages replets et colorés gardaient leur fraîcheur de santé, leur sourire de bonne humeur. Les élections au Parlement, pour ce peuple sportif, «ont une partie engagée, dont en attend le résultat, comme celui d’une course ou d’un match, avec une vive curiosité, mais sans y at tacher plus d’importance. Les paris sont ou verts. La cote des travaillistes (que nous appe lons socialistes) rapporte gros aux joueurs avi ses qui les ont pris gagnants. En France, la politique nous passionne. Eli» nous parait une affaire d Etat. Ce n est pas un jeu. mais une bataille électorale. Au jeu, il est interdit de tricher. Mais à la bataille, toutes les ruses sont de benne guerre....