Extrait du journal
L'accord se fait entre la Chambre et le Sénat. C’est dire que l'on espère, après bien des alternatives, des incer titudes et des heurts, doubler le cap de l’équilibre budgétaire. Le pays doit respirer. Mais il faut avoir le courage de lui conseiller nette ment de ne pas s’abandonner à une trop grande joie, car, s’il doit respirer, c est surtout pour se préparer à de nou veaux efforts. Le navire va reprendre le large, mais il aura à franchir encore plusieurs caps périlleux, aussi dangereux que celui de l’équilibre du budget. D abord, et comme condition préala ble de toute autre mesure salutaire, il faut, coûte que coûte, organiser de suite, d’une façon satisfaisante, l’amortisse ment d’une partie de la dette. Ensuite, et c est là la tâche, il fau dra, toujours coûte que coûte, éviter l’inflation mortelle vers laquelle une in suffisante prévoyance pourrait nous laisser dériver durant les mois d’avril et de mai, et, enfin, trouver, sans plus tarder, un mode de règlement des dettes interalliées qui détende les changes et permette sérieusement d envisager la stabilisation du franc. Et même alors, le travail ne sera pas terminé. Car, si nous supposons accom plie la stabilisation du franc, c’est en cet instant que commencera à jouer d’une façon particulière la loi d inter dépendance économique du monde moderne, que notre éminent confrère Délais! a si bien mise en lumière dans un livre récent. En effet, notre commerce et notre in dustrie cesseront de bénéficier du déca lage ou de l’avantage sur les prix mon diaux que leur avait conféré jusqu’à maintenant, l'avilissement progressif de notre devise et l’infériorité de nos prix intérieurs, main-d'œuvre, etc., qui était la conséquence de la baisse ré gulière du franc. Et nous connaîtrons peut-être, à notre tour, la crise qu’ont traversée tous les pays qui ont assaini leur monnaie. Ce ne sera point une crise de chômage, car nous avons perdu un million et demi d hommes à la guerre, mais ce pourra être une crise sérieuse avant le salut définitif. Il faut y pen ser. Notre devoir n’est pas de dissimuler ces perspectives à nos amis, mais de les leur montrer sous leur véritable as pect. L'heure est toujours au travail sé rieux. à l'effort, à la réflexion, et il en sera ainsi pendant long temps encore....
À propos
L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.
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