Extrait du journal

On se préoccupe de plus en plus dans les milieux officiels allemands de l'évacuation de la rive gauche du Rhin. Contrairement à ce qui avait été annoncé par certains journaux d'outre-Rhin, la question n’a pas été officiellement poséeLe Quai d’Orsay, jusqu'à ce jour, n'a été saisi d’aucune requête, et on ne prévoit pas que les Allemands essaient, dans une période très proche, de traduire par un acte leur désir le plus fervent. Ici on ne paraît, d'ailleurs, nullement dis posé à abandonner sans coup férir le dernier gage que nous tenons du Traité. Il ne faut jamais, certes, être l'esclave de l'opinion publique, mais il ne faut pas non plus tenir son sentiment pour négligeable. Nos ex-ennemis s'appuient, pour nous prier de quitter la Rhénanie, sur l'argument d'in compatibilité entre la présence des troupes françaises sur le sol allemand et la présence des signatures française et allemande au bas du pacte de Locarno. L’objection n'est pas sans valeur. Mais il ne faut pas oublier que, si le pacte de Lo carno est une réalité précieuse, le Traité de Versailles est encore une réalité respectable. Il serait aussi dangereux d’ignorer les de voirs qu’impose le premier que de méconnaître les scrupules que provoquent le second. Une transaction équitable ne se révèle pas comme impossible entre ceci et cela. Nous ne pensons pas qu'il y ait inconvénient à dire qu’aucun intérêt national ne s’attache au maintien sur la rive gauche du Rhin d’effec tifs français aussi considérables. Supprimer pro facto l’occupation serait œuvre périlleuse. Mais mettre en valeur le véritable caractère de cette occupation, par une mesure technique, nous semble ^ œuvre sage et digne de nos grands desseins d’apaisement international......