Extrait du journal

surtout lorsque cette mentalité ou cette opi nion sont justes et légitimes. Secrétaire général de la Société nationale d’Encouragement à l’agriculture, nous som mes tout particulièrement documenté et par tant qualifié pour suivre et comprendre les fluctuations du baromètre de l’opinion paysanne. Aussi, recevant chaque semaine, par di zaines, les vœux formulés par des sociétés et groupements agricoles organisés dans tou tes les régions de la France, nous pouvons prétendre que notre documentation nous per met de situer très nettement la volonté paysanne. Elle se résume en ces mots : Le paysan français, qui au front compo sait 80 pour 100 de l’armée de combat, sait qu’il a gagné la guerre, et partant sauvé la liberté du monde. Il ne peut plus admettre aujourd’hui, que, de tous les producteurs, il reste le seul qui subsiste au régime des taxations, c’est-à-dire au régime d’exception. Il n’accepte point que la République, qui a posé comme principe l’égalité entre tous les citoyens, assure la liberté au commerce, à l’industrie et se refuse à la consentir à l’agriculture. v De tous côtés, j’entends dire que les cul tivateurs, séduits par les affirmations gouver nementales, admettent et acceptent une poli tique de la taxation pour 1920. A cette insinuation nous répondons par un démenti formel. La culture n’accepte pas le point de vue du pouvoir, elle le subit... parce qu’elle ne peut point faire autrement. Devant son impuissance à être écoutée et suivie, elle se résigne, blessée, à admettre ce qu’elle ne croit pas pouvoir empêcher ; ceux qui se baseraient sur cette inertie pas sive — qui termine une longue période de fermentation active — pour affirmer qu’ils ont gagné la cause de la taxation auprès du paysan, s’exposeraient a de douloureux réveils. 11 ne faut point connaître le terrien, avide de liberté, épris de justice et d’équité, pour supposer même un seul instant qu’il approuve le maintien de brimades, qu’il estime — à raison — draconiennes. Il subira silencieusement la taxation de sa récolte de 1920; mais, déçu, blessé, se désintéressera des emblavements de demain. Est-ce là, répétons-nous à nouveau, l’ob jectif que doit rechercher le gouvernement ? Caveant consules! Paul MESSIER, Député....