Extrait du journal

Les mineurs de notre pays viennent d’avoir le beau geste. Ils ne se sont pas laissé inci ter à la grève : mieux, ils ont accepté une diminution de salaire. Dans cette guerre du charbon où nous af frontons pacifiquement l’Angleterre, il impor te surtout de ne point courir à un Waterloo économique. Ces temps derniers, les esprits inquiets s’étaient anxieusement tournés vers le Nord : « Ah ! Denain..., c’est la grande chose ! » pensaient les uns. D’autres répon daient : Son, l’avenir n’est à personne, L’avenir est à vous, Tardieu... Et voici que la confiance' renaît, grâce à l'abnégation intelligente des travailleurs du sous-sol. Une vérité rude et touchante jaillit des puits profonds, de Bruay à Valenciennes, sans miroir et sans flambeau. Elle tient dans sa main la lampe voilée des porions et dit qu’il n’y a rien d'impossible aux hommes de bonne volonté. Ce qui est vrai pour le charbon doit l’être également pour le pain, pour la viande, pour le vin. Si les étages comprennent la leçon du rez-de-chaussée, tout ira mieux dans la plus belle de maisons et, tout s'enchaînant avec bonheur, aux prix atteints ces jours-ci par le coke, les Français mangeront bientôt du poulet à chaque repas. Un vieux proverbe, hélas ! nous retient sur les pentes vertigineuses de l’optimisme et l'ex périence nous rappelle, au surplus, très op portunément qu’il ne faut jamais juger sur la mine. Charles BRUN....