Extrait du journal
On a vu qu a Genève, le 14 décembre dernier, dans l’Assemblée de la Société des nations, la France a voté contre la proposi tion de ne pas augmenter les armements. Ce grave incident n’a été rapporté par les journaux que d une façon insignifiante ou obscure. J ai donc attendu pour en parler d avoir le compte rendu officiel des séances, que j ai enfin entre les mains. Voici ce qui s'est passé. La 6 Commission, présidée par M. Branting, avait formé une sous-commission, dite des armements, dont le rapporteur fut M. Fisher, délégué anglais, et son rapport, adopté par la Commission, fut présenté à 1 Assemblée dans sa séance du 13. Trois résolutions y étaient proposées. L une tendait à constituer sans retard le Bureau international de contrôle prévu par le Pacte ; 1 autre, à chercher des moyens d'empêcher la fabrication privée des armes ; la troisième, à inviter la Commission per manente consultative à compléter rapide ment ses études techniques sur l'état actuel des armements. Vagues efforts, vagues pro jets. Mais à la résolution numéro 3 était ajouté quelque chose de tangible et de pré cis, à savoir, de « prier le Conseil de sou mettre a 1 examen des gouvernements la proposition d'accepter l'engagement de ne pas dépasser, pendant les deux années fis cales qui suivront le prochain exercice, le chiffre global des dépenses militaires, na vales et aériennes prévues pour cet exer cice », et encore cela n’était proposé que sous réserve de toute situation exception nelle qui sera signalée au Conseil, confor mément à l'article 8 du Pacte. Cette idée fut accueillie par l’Assemblée avec un sentiment de soulagement et d’es poir. M. Barnes, délégué anglais, s'écria : « Enfin, on nous indique un tremplin d’où nous pourrons prendre notre élan, d’où nous pourrons partir pour gravir ce chemin qui nous conduira un jour aux sommets désirés. Enfin, voilà donc qu'après tant de discours et de paroles, on fait quelque chose ». M. Branting, avec l’autorité de sa sagesse, avait appuyé la mesure. On voit bien, à lire le compte rendu, qu'il y avait un élan gé néral d’adhésion, quand la France se leva, en la personne de M. Léon Bourgeois, pour jeter de l’eau froide sur cet enthousiasme et pour s’opposer....
À propos
L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.
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