Extrait du journal
éditorial La déclaration que AI. Pierre Laval, président du Conseil, a lue à la Chambre, quelques heures après que son ministère eut été constitué, se résume très simplement : « Nous vous demandons, a dit le chef du gouvernement, les moyens d'agir. Nous vous demandons de voter immédiatement le projet de loi que nous déposons sur le bureau de la Chambre. Il s'agit du salut même de l’institution républicaine. Il s agit de défendre le patrimoine national. Il s’agit de rendre le franc inattaquable, en met tant fin au déficit budgétaire et au déficit de la trésorerie grâce à la suppression des abus, o 1° compression des dépenses et au redresse ment de l’économie nationale. » Et, tout comme Af. Flandin, tout comme AI. Bouisson, AI. Pierre Laval a demandé au Parlement de donner à son gouvernement l’auto risation de prendre, par décrets, en vue d éviter la dévaluation de la monnaie, toutes dispositioin ayant force de loi pour lutter contre la spécu lation et défendre le franc. Pour avoir osé réclamer une pareille autori sation, deux ministères ont été renversés par la Chambre. Et pourtant, ils avaient averti l’as semblée : « Ce que vous nous refusez et le que vous allez nous refuser, avaient-ils dit, nos successeurs vous le demanderont avec plus d’in sistance encore que nous le faisons. C’est une nécessité inéluctable. Ne vous dressez pas con tre elle. Ne donnez pas à ce pays l’impression aue l action, en régime parlementaire, est chose impossible. Soyez sages. N’attendez pas le der nier moment pour nous donner ce que l’intérêt du pays exige et ce que vous serez, en dernière analyse, contraints d'accorder. » Ce que AI. hlandin et ce que AI. Bouisscn avaient prévu est advenu. AI. Pierre Laval, qui a formé son ministère avec beaucoup d'au torité, avec un très grand sens politique, n’a pas hésité une seconde. Son premier geste o été de réclamer les pouvoirs indispensables peur le redressement définitif de nos finances. Ses premières paroles ont été pour proclamer qu’il prenait ses responsabilités, qu’il était énergique ment décidé à les prendre et qu’il invitait le Parlement à prendre les siennes. Comme ses prédécesseurs, AI. Pierre Laval a fait son devoir. Il l'a fait courageusement, sans hésiter un seul instant. Il a nettement mon tré que le Parlement n’avait plus le droit d’in voquer on ne sait quels prétextes pour ne pas consentir au gouvernement les moyens efficaces qu’il demande pour sauver le franc. Les prérogatives du Parlement ne sont pas en cause ; te statut organique et politique du pays n’est nulle ment mis en danger. Les institutions, utr con traire, seraient en péril si jamais on s’obstinait, avec on ne sait que
À propos
L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.
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