Extrait du journal

unies doivent lutter et lutteront jusqu’au bout. La gauche radicale passera-t-elle, avec armes et bagages, dans le camp tic Castelnau, do l’abbé Bcrgcy et de VAction Française ? A droite, on n’en doute pas. Nous nous permet tons d’être plus sceptiques. En tout cas, c’est toute l’œuvre laïque de la I roisième République qui se trouvera mise en cause . dans cette lutte suprême un républicain ne saurait nésiter. Les journaux qui défendent à grand fracas le projet Héraud-Sculier en nous traitant de sectaires répètent, à 1 heure décisive, pour bien égarer I opinion, que cette affaire des congré gations missionnaires est uniquement une affaire « française », une affaire « d’intérêt national »., Mais, audace ou maladresse, la Croix d’hier leur donne un démenti brutal. Lllc publie, en effet, un manifeste signé par « les présidents des conseils centraux de France ». Ce manifeste constate que beaucoup de Français veulent voir surtout dans les mis sionnaires des agents de l’influence Irançaise : » On a semblé vouloir, dit-il, représenter tous les missionnaires comme étant avant tout de bons instruments de diffusion de notre langue ou de notre influence. » Vous imaginez peut-être que la Croix lait chorus ? Erreur. Le manifeste déclare que ceux qui se lancent dans cette voie font fausse route. Il écrit textuellement : « On a relevé avec quelque sévérité cette tendance de nos meilleurs amis à nationaliser ainsi le problème missionnaire. Il faut avouer que la chose est dangereuse et fort déplaisante pour l’opinion catholique internationale. » A la bonne heure et notons bien la phrase : l’opinion catholique internationale (métaphore pudique pour désigner l’évêque fasciste de Rome) trouve dangereux et déplaisant qu’un missionnaire français soit avant tout français. Est-ce à dire qu’il doive renier sa patrie > On ne va pas jusque-là. Ce reniement ne sert exigé que le jour où la France « barbare » sem, scion les prières du Saint-Siège, « assu jettie » à Mussolini. Mais, en attendant, le manifeste publié par la Croix déclare textuelle ment que, pour un missionnaire, l’amour de la patrie passe « au second plan » (numéro du 7 mars, page 3, colonne 3, ligne 2). Retenons cet aveu précieux. 11 éclaire d une lumière crue le problème sur lequel la droite et la gauche vont s’affronter demain. Il donne à chacun sa vraie position : pour les mission naires et pour leurs amis, la I* rance e:t « au second plan » ; pour nous, elle est au premier. Albert BAYET....