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L’Ère nouvelle, 9 septembre 1930

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L’Ère nouvelle
9 septembre 1930


Extrait du journal

La chance suffit pour gagner une partie de baccarat. Il faut peut-être quelque chose de plus pour édifier un empire. * * * Les craies chansons populaires sont, en gé néral, fort tristes ou, du moins, mélancoliques. C’est, sans doute, parce que la vie est trop gaie. Une femme qui dent d'être aimée provoque le désir des mâles qui la croisent dans la rue. C’est le contraire chez les chiens. m * * Il vaut mieux suivre sa propre vie, même im parfaite, que la voie d’autrui, même meilleure. m m * Bizarre manie qu’ont les parvenus de rappe ler sans cesse qu autrefois ils ont lavé la Vais selle ou vidé des pots de chambre. Veux-tu porter un jugement sur ur puissant du jour, impunément ? Fats-le sévèrement, ou, simplement, sois vrai. Personne n’osera lui ré péter tes paroles. La médisance, quand elle atteint un: certaine ampleur, ne trouve plus d’écho. * * * Tu es ambitieux; tu brigues argent, places, honneur et considération, et tu sues la mort ! /* Propreté ; Mme D... conseilla à son fils qui désirait acheter un chien de chasse : — Prends-le noir, c’est moins salissant / Quand une femme est violée ou violentée par un satyre, la société s’alarme toujours et réclame justice ; la victime, rarement. N’est-ce point de Catherine de Russie qui déclarait, en connaisseuse : « Une femme n'est jamais violée jusqu’au bout ! » Le u désir de paraître », selon la roue du hasard, fait d’un individu un « snob » imbécile ou un héros. m * * Rue de Paris : Pendant la canicule, une grosse femme aux mamelles pendantes, prend l’air au seuil de sa boutique. Lin écriteru, au-dessus de sa tête, an nonce : « Pendant les chaleurs la triperie est à l’intérieur. » • • La mauvaise plaisanterie : Rien n’ennuie plus un homme que de l’entre tenir, sur un (on naturel, d’une catastrophe qta le menace ou de sa mort prochaine. e * * A lors qu on appliquai* encore fréquemment la peine de mort, je demandai, un jour, au beurreau quelle était, en général, l’attitude des ce ndnmnés devant la guillotine. — Ils éprouvent une certaine répugnance... me répondit l’excellent homme. Charles RECISMANSET. iiHAieiEiiiBiBiBieieiBiaiBieieieiaiBii LES GRÈVES DU NORD Les comités ouvriers acceptent les propositions de M. Pierre Laval Lille, 8 septembre. — Le comité Inter syndical, réuni à Roubaix, ce matin, à 10 heures ;t0, a décidé, à l’unanimité, d’ac cepter les propositions qui lui ont été faites par M. Pierre Laval, ministre du travail. 11 les soumettra, en les appuyant, aux di verses assemblées générales des grévistes qui auront lieu demain matin. Le consortium de l’industrie textile se réunira aujourd'hui pour se prononcer sur les propositions du ministre du travail. lIBIBIBIBIBIBIBIBIBiaiHIBIBiaiBIBIBIBI CE MATIN La rançon de la couleur Le cyclone dévaste les grandes Antilles. Saint-Domingue est rasé. Des morts et des blessés par centaines. Trente mille êtres hu mains sans abri, menacés par la famine, l’é pidémie, le Soleil, l’Eau et le Brigandage. Quoi ! C’est à de telles outrances de plaies, si brusquement creusées, qu'est réduite l’Ile heureuse, que sont soumis ces rivages Qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone ? Le pays de la couleur. Les Antilles de lu mière. « Que les mots des poètes semblent gris en présence de la Nature tropicale ! », écri vait Lafcadio Hearn. L’énorme poème de la couleur et de la lumière (vous qui ne connaissez que le Nord, vous ignorez la couleur, vous ignorez la lu mière !), de la mer et du ciel, des bois et des cimes surpasse l'imagination jusqu’à la para lyser. » Nous avons tous rêvé aux merveilles des Antilles, cherché, à l’aide de nos petites ima ges de soleil, à « nous faire une idée » des nappes d'or sur le bleu ou feu des eaux et de Pair. Avec le dépit de savoir que nous n’irons jamais au delà du désir, attachés que nous sommes pour la plupart à nos rivages, si pâles de couleur, si pauvres en lumière. N’injurions pas notre sort. Une rançon qui terrifie est" exigée là-bas pour payer les voluptés du poème. Les gens paient, sans cesse, durement, avec des cris de détresse qui ne sont pas des imprécations de désespoir. Leur terre peut bien les châtier des baisers qu'elle leur prodi gue. lis ne la maudissent guère ; ils ne sau raient y renoncer, malgré la rançon. R. DE MARMANDB-...

À propos

L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.

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