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L’Ère nouvelle, 10 mars 1929

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L’Ère nouvelle
10 mars 1929


Extrait du journal

M. Poincaré a annoncé son intention de demeurer au pouvoir tant qu'un vote du Parlement ne l'aurait pas mis en minorité. Nous ne saurions qu'approuver le pré sident du conseil de respecter aussi loyalement la règle du jeu parlemen taire trop longtemps faussée, soit par les circonstances, soit par les intrigues. Nous comprenons fort bien que des hommes venus de la gauche éprouvent quelque gêne à faire partie d’un cabi net soutenu par la droite. Mais le pre mier principe, dans une démocratie, c’est celui de la solidarité ministérielle, et cette solidarité ne peut être rompue que par un décision des représentants du peuple souverain. Nous sommes très heureux que I on retourne enfin à la vérité constitution nelle, et que le premier magistrat de ce pays, dont la sagesse et la fidélité aux institutions démocratiques sont T objet d'un universel respect, puisse faire pré valoir dans les conseils du gouverne ment la souveraineté de son arbitrage. Le président de la République ne connaît qu’une loi : celle de la majorité et de la minorité. Elle seule désigne ou élimine ceux qui doivent ou ne doivent pas diriger l’Etat. Nous avons indiqué, ici, il y a plu sieurs jours, qu’il ne convenait pas de harceler le cabinet et de profiter d’un vote de surprise pour provoquer à la fois une crise et une équivoque. Nous avons eu la satisfaction de constater que beaucoup de nos amis appartenant à la fraction la plus avanpée du parti radi cal partageaient notre sentiment. Une négociation diplomatique importante est engagée, dont la solution pèsera pendant de longues années sur l’avenir économique de la France. Les républi cains n ont eu, à aucun moment, le contrôle de cette négociation. L.c ministre des affaires étrangères, entouré de la sympathie générale et de la confiance des pacifistes français, a, depuis fort longtemps, passé le dossier à la présidence du conseil ; les pourpar lers se déroulent en dehors du Quai d’Orsay et ne peuvent le lier en aucune manière. Souhaitons ardemment que la con clusion de ces pourparlers soit heureuse. Nous mettons au-dessus de tout le souci des intérêts de la nation. Mais nous ne pensons pas qu’il soit utile que les par tis de gauche mettent leur sceau sur des décisions qu’ils n’ont pas provo quées. Laissons le cabinet actuel courir sa chance ; 1 essence du régime parlemen taire, c’est de contrôler. Gouverner est possible quand la majorité qui contrôle est suffisante pour déléguer au pouvoir les interprètes de sa volonté. Dans 1 hypothèse inverse, le contrôle doit suffire à l’activité des élus. Là est le secret de leur indépendance, c’està dire de leur puissance ; le Parlement, la fraction républicaine du Parlement en particulier, doit garder, sur des actes qui engagent le destin de la France, sa pleine liberté d’ap préciation ou de réprobation....

À propos

L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.

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