Extrait du journal

Il fut un temps, en France, où des com pagnies de comédiens circulaient par nos provinces, donnant leurs représentations dans toutes les villes, petites ou grandes, qui se trouvaient sur leur passage. C’était le siècle de Louis XIV, et il arrivait que le directeur d’un de ces théâtre ambulants fût Molière. Au siècle dernier, les cités importantes avaient, chaque année, leur saison diamatique et lyrique ; les autres possédaient presque toutes un théâtre pour accueillir, comme au temps de Molière, les artistes en voyage, mais avec une autre organisation, sous la conduite d’un agent commercial qui donnait à ces entreprises le nom de << tour nées ». Aujourd’hui, presque partout, ces édifices restent clos d’un bout de l’année à l’autre. Ceux de nos compatriotes qui rési dent en province, formant de beaucoup la majorité de la population, ne peuvent aller au théâtre que s’ils viennent à Paris ; en core n’y trouvent-ils que peu de salles ou vertes, et un répertoire de plus en plus res treint. On dira que la transmission par T. S. F., portant jusqu'au fond des campagnes les échos du monde entier, leur rend bien plus qu'il n’ont perdu. Ce n’est vrai que pour les spectacles en musique, où, en effet, ce qu’on entend a beaucoup plus d’importan ce que tout le reste ; encore est-on gêné par la suppression des jeux de scène, le vide des entractes, et il faut renoncer à faire écouter un ballet, sans la danse qui laisse, si on l'en détache, la musique incomplète, et souvent inexplicable. Il en est de même, à plus forte raison, pour une comédie ou un drame parlé, dont la déclamation parait...