Extrait du journal

On commence à s’apercevoir, dans les mi lieux parlementaires, qu’il est plus facile de tailler que de coudre. L’impression dominante de la journée d hier, c’est la confusion- 11 ne pouvait d ailleurs en être autrement, étant donnée 1 absence de signification politique du vote qui a renversé M. Leygues. Le cabinet défunt ne 8 appuyait nettement ni sur la droite ni sur la gauche; il n’a été renversé ni à droite ni à gau che. Comment tirer une conclusion claire de cette incohérence? r H est vrai que de cette absence même d'inidication politique se dégage du moins une con séquence évidente. Si M. Leygues n’a pas été renversé en raison de ses tendances ou de sa doctrine, c est qu il apparaissait, ainsi que ses collaborateurs, au-dessous de sa tâche. Le Parlement, d accord sur ce point au moins avec le pays, ne veut plus de prête-noms, de dou blures et de chefs de bureau. 11 comprend que la gravité des circonstances extérieures et in térieures exige des hommes de compétence et d autorité. Ceux qu’il faut, ce ne sont pas des comparses qui balbutient le mot d’ordre de 1 Elysée ou du Bloc National, mais des hom mes d Liât qui parlent haut et clair, au nom de la France. Mais si tout le monde peut et doit se met tre d accord sur cette nécessité nationale, la question du programme et des tendances poli tiques n en subsiste pas moins. C’est là que gît toute la difficulté. La majorité numérique du Sénat, la majorité républicaine de la Chambre, et surtout la majorité du pays, sont pour une politique de gauche : elle réclame, comme l’a indiqué discrètement M. Léon Bourgeois, la diminution des charges militaires, la fin des aventures lointaines, une fiscalité courageuse et démocratique, le respect des lois laïques, des réformes sociales et économiques. Mais le Bloc National, qui jusqu’ici a dominé à la Chambre, a de tout autres tendances. Comment concilier ces contraires? On parlait beaucoup, hier, d’un cabinet de...