Extrait du journal

m Un nouveau système de grivèlerie Budapest, 15 décembre. — Depuis trois se maines. onze restaurateurs ont adressé à la po lice hongroise des plaintes pour grivèlerie con tre un inconnu qui, après s’être copieusement repu dans leurs établissements, réussit à esqui ver le quart d’heure de Rabelais. L individu en question, accompagné d’un en tant, s’installe à une table, généralement aux heures d’affluences : — Que veux-tu manger, mon chéri ? de mande-t-il à l’enfant. — Choisis tôt-même, papa, répond le gosse. — C'est bien ; je vais commander un bon petit repas. Il indique aussitôt au garçon les plats les plus succulents et les vins des meilleurs crus. Tous deux jouent ensuite des mâchoires avec ardeur. Au dessert, le père achète un journal à un camelot, qui vient d’entrer dans la salle, mais comme il n’a pas de monnaie, il prie le garçon de payer les six hiles, tout en lui montrant un billet de banque afin de le rassurer sur sa solvabilité. Tout à coup, l’inconnu se lève, endosse son paredssus et dit au garçon qui accourt un peu inquiet : — Je dois aller chez moi où je suis attendu. Je n’ai pas de temps à perdre. Je laisse ici mon petit garçon ; je suis de retour dans cinq minutes. Puis-je le confier à vous ? Jetez de temps en temps un regard vers lui et vous aurez un bon pourboire. Naturellement,le garçon rassure ce bon papa. — Non, non, il n'arrivera rien à l’enfant. Et l’inconnu s'éloigne, ap'ès avoir embrassé tendrement son gosse On devine le reste... Le temps passe, le client ne revient pas. Le garçon demande alors au gamin : — Où donc est allé ton papa ? — Je n en sais rien. — Comment ! tu ne sais pas où tu demeures i — Mais non. parce que « ce monsieur » n’est pas mon papa 1 L’enfant avait rencontré dans la rue l’in connu qui lui avait dit : — Viens avec moi : je t’invite à dîner. Mais il faudra m’appeler papa. C’est une farce que je veux faire à quelqu’un ! llBIBIlIlIBIBIlIBIBIBIBIBIBIBIBIBIBtBI Les mutilés contre les jouets guerriers On nous communique l’ordre du jour suivant: La commission exécutive française de la Conférence internationale des Mutilés et An ciens Combattants, réunie le mardi 1 I décem bre, à la Maison des Mutilés, constate : Qu’à l’occasion du nouvel an, la vente des jouets guerriers a pris une regrettable exten sion. Déplore que la guerre puisse être rep'ésentée aux jeunes générations sous la forme d’un jeu, alors qu il conviendrait, au contraire, de la faire apparaître sous son vrai jour tragique et douloureux, et de rappeler sans cesse aux en fants qui ne l’ont pas vécue, le bilan des souf frances, des meurtres et des destructions dont elle a accablé l’humanité. Demande aux pères et mères de France, no tamment aux Anciens Combattants et Veuves de guerre soucieux d assurer à leurs enfants un avenir de paix, de proscrire rigoureusement tous les jouets qui seraient susceptibles de dévelop per dans la jeunesse un état d esprit défavorable à la paix et même belliciste...