Extrait du journal

par Fanny CLAR f lieu, précédant les codes édictés par nous pouf embêter le monde entier. La jolie rivière aux nénuphars romantiques est le théâtre de chasses implacables. Le faible • est vaincu d’avance. Au moins, plus rigoureu sement logiques que les nôtres, de telles vic toires alimentent le vainqueur. Nous ne sau rions prétendre à un tel résultat. L’eau si claire chantant sur tes cailloux n est pas seule à décevoir notre appétit de sérénité. Le pré recèle des gperres sans merci, et làhaut, la brise au sol splendide, survole en cercles la forêt. Encore tout ceci est-il satisfaisant de besoins impitoyables. Mais on dirait, à les voir faire par moments, que les bêtes ont hérité de nos vanités, qu elles se conduisent aussi bêtement que nous. Ces deux canards à T ombre sous un chariot, se précipitent pour chasser une intru sion d’autres canards, qui ne les gênerait nulle ment, puisque l’ombre est large, qu'il y aurait place pour tout le monde. Les gens de ce village et de bien d'autres n'agissent-ils pas, fréquemment, à la façon de mes canards. Si peu nombreux ils devraient se serrer les coudes, former une grande famille pour se défendre, se réjouir, baser, en vue d'intérêts communs, une commune action. Alors que tous vieillissent, murés dans leur petite destinée pitoyable. — Voudrais-tu du bonheur à ce prix ? de mandait. dans un conte de Voltaire, un philo sophe à l'un de ses amis qui justement lui van tait l'harmonieuse beauté du calme au moment que passait un vieillard courbé sous les ans. De quel prix faut-il payer le bonheur dans un de ces villages où tout semble dormir, les troupeaux et les gens > La vie désordonnée de la cité est un esclavage dont la forme moderne cache, à l'habitant des champs, le fardeau pe sant. La vieille femme qui ignore tout de cette course à la mort brève a-t-elle vraiment vécu, entre sa haute cheminée, sa table et sa huche. Qui donc a raison, de l'homme des champ* rétrécissant au maximum ses rêves, ou de U...