Extrait du journal
A QUAND LES ACTES? Le projet de taxation des farines par les préfets, que le gouvernement avait repris à son compte, n'a été voté, par le Sénat, qu’avec des amendements qui en détrui sent l’efficacité. Ce n'est, en effet, que dans les départements où des abus auront été constatés que la loi sera appliquée. Il eût* été préférable, pour M. Queuille, de ne pas se livrer à des manifestations complètement inutiles. Non pas que nous doutions de la bonne volonté de M. le mi nistre de l’Agriculture, mais nous ne ces serons de lui répéter que la solution du problème du pain n’est pas dans la con tinuité de la politique de M. Cliéron. Mais le néfaste Normand laisse, comme M. Poincaré, une lourde succession. M. Ravnaldy et M. Queuille ne semblent pas suffisamment conscients du danger : c’est la politique de protectionnisme à outrance qui a déclanché la hausse spéculative des denrées de première nécessité... dont le pain. Or, le pain reste un symbole national et le baromètre, si je puis* m'exprimer ainsi, du coût de la vie, des salaires, etc. C’est donc la spéculation qu’il faut entraver, ré primer énergiquement. Aussi bien MM. Queuille et Raynalidy, dans les discours prononcés, hier, à l’inau guration de la foire-exposition de Brive-laGaillarde, ont-ils exhorté les agriculteurs à produire plus de blé, et les commerçants et négociants français à ne pas se laisser entraîner dans ces folies de spéculation dont les conséquences sont si redoutables. Que voilà de belles paroles et de sages conseils ! Mais je ne crois pas, hélas ! qu’ils soient entendus, surtout par les négociants et courtiers qui opèrent au marché de Pa ris sur des stocks inexistants. Certes, la tâche est rude et des plus difficultucuse. La vague de spéculation dé ferlant sur notre malheureux pays depuis trois années de régime Chéron, à presque anéanti toute notion d’intérêt public dans le commerce des blés et farines et dans le négoce en général. il est, hélas ! trop tard pour ramener les brebis égarées par de patriotiques adjura tions, rt il faut leur faire sentir vigoureuse ment la houlette pour les ramener dans le droit chemin. La politique du blé est trop importante) et trop délicate à la fois pour que l’on n’envisage la solution du problème que sous le seul aspect de la taxation à la con sommation. Comme nous l’avons déjà dit maintes fois dans nos précédents articles, ou bien la situation est telle que nous devons ré clamer l’application des mesures de salut public, employées pendant la guerre, ou bien les stocks existants, avec les écono mies prévues par le gouvernement, peu vent suffire à nos besoins et, en ce cas, il suffirait de fixer le prix du blé pour une période assez déterminée en vue de stabi liser les cours et de soustraire le blé aux fluctuations des changes ou des cours spé culatifs mondiaux. Alors la Bourse de Commerce ferait l’of fice d’intermédiaire chargé d’enregistrer les cours normaux, ce qui" est son rôle. Tout le reste n’est que verbiage et boni ments électoraux. Albert NORET,...
À propos
L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.
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