Extrait du journal

éditorial L’affaire des mitrailleuses hongroises est importante, mais non pas tragique. Il ne faut ni la traiter par le mépris ni la transformer en casus belli. Paul-Boncour a fort bien démontré, l’autre jour, salle Huyghens, que, pour tuer définitivement la guerre, il fallait, d abord, mettre fin au libre régime du commerce des armes. La contrebande des engins de mort n est pas plus dangereuse pour la paix que le négoce pratiqué à propos de ces engins. Tant qu’il sera licite, pour une in dustrie nationale, de procurer, contre argent, aux ennemis de la nation le moyen de tuer les nationaux, il sera inutile de signer des protocoles et de fixer des principes d’arbitrage. Avant de mettre la guerre hors la loi, il importe de déclarer illégal tout trafic qui tend à alimenter, hors des frontières d’un pays, des organisations belliqueu ses, capables de jouer un jour contre ce pays. En Europe centrale, où le mot de Locarno n’a peut-être pas encore acquis toute sa valeur, les brasiers ne sont pas éteints. S’amuser à souffler dessus, c’est faire œuvre barbare ! C’est travailler contre la civilisation. Il faut que la S. D. N., qui a une mission dont l’importance dépasse sin gulièrement le cadre des événements de cette époque, établisse enfin un statut des fabrications de guerre. Elle est, de par les traités, le souve rain arbitre de tous les conflits. Mais elle trahirait son destin si elle n’était pas aussi l'arbitre de tout ce qui peut donner naissance à des conflits. Prévoir, organiser, contrôler... pour éviter. Les catastrophes ne se produisent que lorsqu’on se résigne à leur apparition. Le devoir de ceux qui Veulent éviter la foudre est, d’abord, de tenir ^ compte de la technique du pa ratonnerre....