Extrait du journal

Il est à peu près certain que l'Entente ne livrera pas aujourd'hui l'assaut annoncé contre le Cabinet. Le débat, le vrai débat viendra vendredi, avec les interpellations sur la politique intérieure et extérieure du gouvernement. Ainsi la clarté succédera enfin à la confusion. 11 ne s'agit pas, en effet, d'épiloguer sur des ragots, d'excom munier tel ou tel, d'exhaler des déceptions ou de tendre des crocs-en-jambe. 11 s'agit de connaître nettement les intentions du ministère. La déclaration ministérielle n’a guère été, comme la plupart des morceaux de ce genre, qu'une table des matières. 11 faut aborder les principaux chapitres qu'elle annonce. Quels sont les moyens que M Millerand propose pour « produire plus et consommer moins », comme il le demande? Comment veut-il faire rendre gorge aux profiteurs de la guerre dont il dénonce les scandaleux bénéfices ? Comment entend-i réaliser « la formule qui associe à l'Etat contrôleur, et, pour une part, bénéficiaire des entreprises, les collectivités intéressées et l’initiative privée ? » Quelles mesures annoncera-t-il, pour assurer aux travailleurs « une part dans les bénéfices comme dans l’organisation même du travail ? » Que sont les projets de réorganisation financière de M. Marsal, les projets de réorganisation militaire de M. Lefèvre ? Il faut aussi que M. Millerand trace les lignes directrices de sa politique en Russie, en Orient, envers les Empires centraux comme avec nos Alliés. La presse modérée et conservatrice le somme de s’ajuster aux élections du 16 no vembre. Qu’elle garde la responsabilité de cet exclusivisme politique. Les partis de gauche, qui auraient bien plus de raisons de suspecter M. Millerand, ne le chicaneront pas sur le passé. Ils le jugeront sur ses projets et sut ses actes. Toute la question est de savoir s’il aura la volonté et le cou rage d’aborder de front, dans un esprit démocratique, les grands problèmes qui se posent. Yvon DELBOS....