Extrait du journal

J’interroge ce père : — Que veut faire votre fille ? En toute ingénuité, il me renseigne : — Les Lettres la tentent. Comme cela, simplement, une jeune fille de seize ans à peine décrète qu elle entrera dans les Lettres, non par vocation, mais parce que cela la tente. Demander à la demoiselle les raisons de son attirance serait indiscret. Je ne m’y risquerai point. Elles sont - aisées à déduire. Devenir femme de lettres, rien de plus facile. On a toujours quelque histoire menue à traîner le long d’une centaine de feuillets, ne serait-ce que son propre roman. Un état d âme se campe devant le miroir. Ensuite, au pas de course à l’assaut des lauriers littéraires. Ils poussent assez dru qu’une jeunesse hardie n’en puisse décrocher un brin. — Les Lettres me tentent. Phrase charmante applicable à tous les désirs féminins, qu’il s’agisse d une fanfreluche ou de la direction de l'existence. La littérature se porte à la façon cTun bouquet au revers du manteau. On a pour elle l’envie éprouvée à l'égard d’une coquetterie. Aussi légèrement une jeune fille se jette au milieu d’une mêlée qui peut être féroce, sans avoir si elle sera suffi samment armée. Aucune assurance de subsister ne lui est promise. Semblable insouciance pouriait s'appeler de la crânerie. si elle n’appuyait....