Extrait du journal
Une femme d’aspect frêle, des yeux très clairs, de ces yeux qui donnent l’impression de voir au delà de l’heure présente, vers T ave nir. C’est Louise Guieysse, gérante-secrétaire, âme du G. E. I. Entendez par ces trois lettres : Groupe d’études internationales. Ce petit groupe a de grandes ambitions. Il veut être le lien entre les efforts pacifistes dis persés, entre les diverses associations dont les activités sont louables- mais qui allumant ça et là de légères flammes ne peuvent devenir la grande clarté illuminant les esprits. Le G. E. 1. veut entreprendre, pour l’ins tant, une croisade dans les écoles, sous ce titres Les Missionnaires de la Paix. Or, par missionnaire, on ne peut entendre qu’un volontaire décidé, coûte que coûte, à faire triompher une Toi quelconque. Les actes doivent suivre le prêche. I out missionnaire convaincu a le devoir de militer. La foi pacifiste est celle qui exige le plus d’opiniâtreté dans la conviction que ceci arri vera. Croire à la guerre c’est la préparer. Douter de la paix, c’est lui refuser un terrain de développement. Les Missionnaires de la Paix veulent être considérés comme des idéalistes réalisateurs. C’est dire qu’ils promettent de ne point se borner à des harangues mais à une action mé thodique et entêtée. Pour cela, avec quelque logique, abordant le problème de façon directe et préliminaire, ils forment le projet d’intéresser les enfants aux projections, dans le futur, des idées de paix réelle. Voici un passage de l’appel lancé par le Bulletin d'informations du groupe d’études in ternationales qui précise de quelle manière l’enfant peut être appelé à collaborer à l’œuvre pacifiste. — Aidons les enfants à penser par euxmêmes sur ces sujets comme sur les autres, au lieu de griser leur imagination d une vaine gloire militaire, voilant les atrocités qui la conditionnent. Montrons-leur ce qu’est réelle ment la guerre et ses conséquences proches ou lointaines. Faisons appel à' leur sens individuel de justice et d’entr aide pour tous leurs frères les hommes. Entrainons-les à avoir le courage — et qu’ils comprennent que c’est un devoir impérieux et urgent — d appliquer enfin, après près de deux mille ans qu’ils ont été énoncés les préceptes de la morale du Christ. Comment les Eglises ont-elles pu oublier à ce point les enseignements de Jésus que. dans chaque pays il y a eu, pendant des siècles, des prêtres qui priaient (au nom de la même religion) pour le succès de la nation à laquelle ils ap partenaient et qui exhortaient les combattants aux assauts meurtriers contre leurs frères des nations voisines. En ajoutant que dans la dernière guerre, ils ont pris les armes par eux-mèmes, cette appréciation chrétienne de la paix peut rallier quantité d’esprits de bonne volonté. Si elle ne satisfait pas complètement, c’est que je ne vois pas l’utilité de se targuer tou jours de la prétendue morale du Christ pour organiser la paix. Et que, critique corollaire, ce n’est point tellement sur la fraternité que s’établira forcé ment une paix durable. Ce sera tout au moins autant sur l’intérêt bien compris, lorsqu'appa raîtra, aux plus aveugles actuellement, que plus nous irons, plus la guerre sera une imbé cillité. J’espère bien davantage en cette preuve éclatante qu’en une vague fraternité défaillante à chaque heurt, fut-ce de voisin à voisin. Ces remarques à part, je loue hautement les échanges d’enfants, les réunions enfantines au siège du G. E. 1., les organisations de lectures, leçons d’allemand et d’anglais, de français pour les étrangers, les projets d’une Fête de la Paix, de Bourses de Voyages, principalement en Allemagne. Que tous ceux qu’intéresseront l’œuvre du G. E. I. lui offrent leur cotisation, leur temps disponible, leur collaboration. Qu’ils s’adressent à Mme Louise Guieysse, cette femme d’aspect frêle, aux yeux si clairs, que Ton trouve, à qui Ton peut écrire, 166 boulevard Montparnasse (14e) afin d’en ap prendre plus encore que je n’en ai dit, sur un milieu où le travail est sympathique au plus haut point. Fanny CLAR....
À propos
L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.
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