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L’Ère nouvelle, 29 mai 1925

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L’Ère nouvelle
29 mai 1925


Extrait du journal

par René WISNER. La guerre a fait disparaître une fête qui, au mois de mai, était un des charmes de Pa ris : celle des Fleurs. Par un temps doux, un temps de demoi selle, comme on dit en Lorraine, à la cadence de leurs pur-sang ou de leurs haridelles, mails, landaus, coupés, fiacres se dirigeaient vers le Bois de Boulogne. Tout un monde, ouvrier» et bourgeois, était accouru avenue des Champs* Llysées afin de regarder passer ces bouquets de reses, ces joyeux corbillards, ces chars odo rants. Ne sont-ils point une sorte de poème promené sur quatre roues, une splendeur qui court les rues, une œuvre de la nature et de 1 artifice, à laquelle ont collaboré carrossiers, couturiers et fleuristes ? N’est-ce point aussi,' en vérité, une œuvre d’art que le talent avec lequel une voiture est escamotée sous la housse d» ses hortensias et de ses cyclamens ? Les femmes qui se montrent sur un trône roulant et sous le dais des pivoines et des daturas, et qui sont comme ensevelies dans un jardin qui les enserre de toutes parts, sont des fées s’en volant vers le Bois, qui est aujourd’hui un paradis galant, une roseraie, la patrie de la joie. La séduction de ces femmes est si forte parce qu elles sont des visions fuyantes ; à peine les a-t-on aperçues que déjà elles sont loin ; à peine, au bout d’une minute, leur chapeau est-il encore visible au milieu de l’é clat et des couleurs dont elles se sont entou rées. Leur séduction naît aussi de leur paresse, de leur immobilité, de leur nonchalance. Elles ont des poses alanguies sous lesquelles se de vine leur souplesse. Subitement, de leurs doigts effilés, elles saisissent une rose et s’en font une bague et un peu plus de beauté. Ces pou pées de Paname s’animeront lentement, et leurs gestes créeront une harmonie. Quel décor les entoure ! Le Bois de Boulo gne, c’est-à-dire une nature arrangée, ordon née, truquée, qui est encore la grand ville et laisse cependant deviner la campagne et la large éclaircie de Longchamps où le ciel pa raît plus vaste qu’à Paris. L’allée des Acacias semble tracée dans un bois galant où l’on tire sur les pigeons ; elle est droite sans raideur, et elle est pareille, en ce moment, à un bouquet de fleurs. Le soleil luit, touche les feuilles des arbres, fiappe la verdure, et leur offre des brillants plus éblouissants que ceux...

À propos

L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.

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