Extrait du journal
Monsieur le Président du Conseil, « Je serais, spirituellement parlant, lui hom me bien malheureux si je pouvais encore donner un regret à la fonction que, voilà deux ans, vous m’aviez demandé d'assumer. « La façon que vous avez de m’en exonérer donne à ma philosophie un trop précieux exer cice pour que je ne sois pas, enfin, votre obligé. « Mais ce qui me ravit en toute philosophie n est pas, nécessairement, ce dont s’accommo de la moralité, même en ce qu elle a de moins exigeant. « La Chambre des Députés reconnaissait, tout récemment encore, par un vote ralliant la plupart de ses membres, la preuve, que j’ai faite, dans le ministère de l’Intérieur, d'un sincère amour de la chose publique, d’un zèle ardent pour la paix du pays, et d’une inté grité que n'ont pu émouvoir les insultes et les calomnies de cette « Camelote royale », à la quelle il paraît bien que vous soyez d'autant plus suborbonné publiquement que, dans votre for intérieur, vous la méprisez davantage. « On dit déjà, et il sera dit bientôt unanime ment, que vous m’avez sacrifié, et que c'est à cette clique, qui serait sans puissance si vous étiez sans peur, que je fus sacrifié. « Je lui avais fait face, sans ostentation, et sans défi comme sans crainte, estimant qiue certaines gens, et leurs mœurs, ne relèvent que du mépris de l’honnête homme. « Vous laissez désormais entendre à cette clique malpropre, et laissez croire à des mil liers de braves gens en ce pays, que, lorsque la République Française prend officiellement votre visage, le président du Conseil n’y est plus guère qu’une girouette tournant à tous les vents obscènes qui sont le propre de M. Léon Daudet... « Voilà qui ne saurait enorgueillir personne : en cette fin de législature. « Personnellement, quelque regret que j'en , aie pour la République, et pour mon pays, je me tiens pour honoré par votre décision, qui m'allège de soins et de charges où la peine l’emporta toujours, pour moi, sur les satisfac tions. « Il me suffit d’avoir trouvé celles-ci dans l'accomplissement probe, simple et clair, de ma tâche, et d'avoir été conduit, par vous, à penser oue ce qui vous fut insupportable chez mol c’était mon honnêteté « Puissiez-vous, Monsieur le président du. Conseil, être, pour la même raison, promu, un iour. à une telle disgrâce I « Ainsi contracterez-vous — il n’est jamais trop tard pour bien faire — ce qui vous a. in-...
À propos
L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.
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