Extrait du journal

Il y a des parents sans vergogne. On ne saurait trop le répéter. Ils sont convaincus que leur entant est leur bien, leur chose et s’ils connaissent les droits excessifs que la loi leur donne, ils ignorent l’étendue de leurs devoirs dont d ailleurs le Gjde ne fait guère men tion. Cette arme monstrueuse que la loi leur met en mains, la « Correction paternelle », ils en usent et en abusent. Impuissants à se faire respecter — sans doute ne sont-ils pas toujours respecta bles — ils brandissent, dès que la peur de Croqucmitaine n’agit plus sur les imaginations enfantines, un autre épouvantail, plus réel, celui-ci et autrement dangereux : la prison. Sans autre forme de procès, un père écrit au juge pour lui demander d enfermer sa fille à Fresnes. Il n'en peut venir à bout, dit-il, car elle est « menteuse, voleuse, orgueilleuse, sale et paresseuse ». Voilà, n’est-ce' pas, un bouquet où de bien mauvaises herbes se trouvent réunies. Le magistrait s étonne de tant de péchés incarnés en un seul être. Au lieu d’arrêter l’enfant, il convoque le père. Celui-ci, prudemment. 6 abstient. Sans doute, serait-il bien en peine de prouver ce qu’il avance avec une si grande témérité. Mais il ne sera inquiété ni pour diffama tion, ni pour dénonciation calomnieuse. Au cune enquête ne sera ordonnée. Pourtant, il conviendrait de protéger l’enfant contre celui qui formule, à son égard, jugement si inju rieux et avoue, sans pudeur, l’insuccès de se* méthodes éducatives. Autre lettre, conçue à peu près dans les memes termes. Un père se plaint de son fils « voleur, paresseux » et, n’est-il pas séant de montrer que l’on sait vivre, termine sa missi ve adressée au président du tribunal pour En fants par ces mots : « Je compte sur votre aimable bonté pour le faire enfermer. » Au bout de quelques jours, il écrit à nou veau, mais cette fois pour retirer sa demande. Il confesse 1 avoir rédigée dans un mouvement de colère « après avoir bu ». Une jeune fille, une nuit, découche. Dans son courroux, la mère n’attend point au lendemain pour apprendre ce qui s’est pas sé, ce qui a motivé cette incartade. Désireuse de donner à sa fille « une bonne leçon », ce sont les termes mêmes dont elle se sert, elle demande pour elle la maison de correction jus qu’à sa majorité. Vingt-quatre heures aprèp, l'adolescente...