Extrait du journal

Cette ville au trois quarts ruinée, qui, après des siècles, grâce à un travail patient et acharné, retrouve lentement un nouveau visage, celui de ses traditions historiques et, celui de la jeune Pologne, marque profondément le Congrès mondial des intellectuels pour la paix. L'air qui baigne ces ruines allemandes conquises sur quoi se fonde une vie nouvelle, a un pouvoir de discrimination. Il y a, tout à coup, des arguments spécieux qui deviennent visibles, des sophismes qui éclatent, des raisonnements qui s'effondrent. Seule, là lucidité perce et, à l'heure où j'écris ces lignes, au soir du troisième jour du congrès, il est d'ores et déjà possible de dire que ce congrès est le congrès de la lucidité. Ceci n'est pas une abstraction ni une généralité. Les cinq cents délégués de quarante-cinq pays qui se réunissent dans la grande salle de l'école polytechnique de Wroclaw se sont, certes, rassemblés pour la recherche de 'la paix. Mais ce qui caractérise toutes les interventions importantes que nous avons écoutées, c'est la ferme détermination, chez les intellectuels les plus avancés, de conserver une vision lucide du monde et de s'emparer des valeurs nouvelles nées de la victoire des peuples sur le fascisme,...