Extrait du journal

L'HOMME n'en pouvait plus. Il avait marché depuis trois heures — couru, marché, couru, marché. Quand H avait fui, là bas, il n'aurait jamais pensé qu'il se livrerait à un pareil supplice. Dans l'aube commençante, il s'était élancé dans une rue, puis une >utre, au hasard ; il avait traversé la moitié d'un Paris désert, indifférent- au crime. Mais toutes: les portes closes, tous les rideaux de fer marquaient autant de refuges qui .ne voulaient pas de lui. Son cœur, dans sa poitrine, faisait le bruit d'une poursuite. Lorsqu'il apercevait des agents, il cherchait à ralentir le pas, et courait plus vite. Il sentait leurs regards entre ses omoplates, leurs mains sur ses épaules. Plus il courait, plus les mains serraient fort. Il maudissait son pas bruyant; provocateur, il se jetait en avant avec l'espoir insensé qu'il lui viendrait des ailes et qu'il allait se trouver d**ïs l'air, Ol1 l'o*i peut fuir sans bruit. Parfois, une auto en pleine course allumait ses phares, déjà presque inutiles dans le demi-jour, et !'hO!mT!€ baissait la tête. Une sueur brûlante lui couvrait le f'-oT!<, filait en traits glacés sous ses bras. creusait à la ceinture un trou douloureux qui le rendait hantant, If s'était dit : « Je vais mourir. Il vaudrait mieux que je me livre. » Mais il préférait n'importe Quelle mort à celle qui l'attendait s'il commettait la folie de se !iwe<'. Et puis, il savait bien qu'on ne: meurt pas d'angoisse ni d'un point de côté....