Extrait du journal
Affiches Romanesques La Lettre d'un père Les murs de Paris hospitalisent souvent les réclames, les annonces, les invectives, les protestations les plus inattendues. Nous les avons vus, en temps d’élections, se fleu rir de candidatures baroques, voire même limées. Maïs personne «t'avait encore eu l’idée de transformer Vufficliage en petite coirespondan-ce et de prendre les murs de Paris pour confidents de ses peines de cœur. Voici, dans toute sa saveur inattendue, le document que nous avons entre les mains, et qui n’esl qu'une simple aflidhe, éditée par le Modem's Mfichc et que nous venons de recevoir, -avec des annotations manuscrites et autographes qui en augmentent et - en précisent lu portée. Nous le publions, moins pour son con tenu que nous ne des irons ni dicuter, ni ironiser, qûe pour noter ce procédé nou veau, inédit sans doute, de publicité senti mentale. Le document Il s'intitule : « LETTRE OUVERTE A MA FILLE. » En voici le texte (où nous avons inscrit, eu italique, les interpolations manuscrites) : « MA CHERE ENFANT, « Torturé par le chagrin de n’avoir pu t'embrasser depuis ta naissance, 17 mars 1899 (i® arrondissement, Paris), j'ai pris le train pour Laon (Aisne), le 10 mai de cette année. «s J’ai appris que tu étais à l'institution Sermoise, là où j'ai eu enfin le bonheur de t’embrasser et de te crier, Marthe-Lucienne, tu as un Père, ce Père est un honnête homme, il t’aime, pense à toi sans cesse et rMtbrasee. (En note : On doit défendre le juste.) « Pour arriver à te voir il m’a fallu un ins tant refouler la voix du sang. M’adressant à tes petites compagnes, je leur ai dit : « Dites à Jeanne Thiercy que quelqu'un la demande. » C’est alors que je t’ai vue. « Te reverrais-je, ma Marthe-Lucienne ! (Ici, en note : « Tu auras plus d'or que ta maison du 112, nu: Montmartre, ne- pèse si tu t'occupes de cette affaire ! ») «t Si de ce monde je n’ai pas ce bonheur, r appelle-toi que le cœur brisé de ton père mort n’aura cessé de battre que sous les commotions de ma conscience à défendre le bien et la vérité, qu’il n’a vibre que pour toi ei. mon gentil petit Lucien. <( Suis toujours la voie de l’honneur que mes Parents Vont tracée... « Si de mon vivant je n’ai pu le faire, vous irez trouver, lorsque vous serez plus grandis, le procureur de la République et lui de manderez la révision des procès infâmes in tentés injustement à votre papa, à la date des 1er août et 20 décembre 1899.
À propos
Fondé en 1908, Les Nouvelles était un quotidien du soir publié à Paris. Comme pour des centaines d'autres feuilles de la même période, le début de la Première Guerre mondiale marquera la fin de ce petit journal.
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