Extrait du journal

Lps représentants de la presse conservatrice de Paris ont eu l’honneur d’être reçus, mardi matin, en audience par M. le maréchal de MacMahon. — Etaient représentés : Y Assemblée nationale, le Constitutionnel, le Français, la France nouvelle, le Gaulois, la Gazette de France, la Gazette des Tribunaux, le Journal de Paris, le Journal des Villes et Campagnes, le Messager de Paris, le Monde, le Moniteur, YOrdre, le Paris-Journal, le Pays, le Petit Moniteur, la Petite Prese, la Patrie, le Soleil, YUnion, YUnivers. — « Il est important, a dit le président de la République, que, dans les circonstances actuelles, les représentants des différentes nuances du parti conservateur se réunissent et s’entendent pour adopter les mesures les plus propres à combattre ceux qui attaquent les principes que vous défendez. »Ila dit ensuite : « En fait de politique, je n'ai rien à ajouter à ce qui a été dit déjà par le Gouver nement. M. le ministre des affaires étrangères a exposé à la Chambre qu’en ce qui concerne les relations avec l’étranger, le nouveau Gou vernement serait fidèle à la ligne adoptée par mon prédécesseur et qui a toujours obtenu l’adhésion de la majorité de l’Assemblée. A l’intérieur , notre but est de faire respecter les lois, de maintenir l’ordre matériel — ce qui, j’espère, nous sera facile — et, en même temps que l’ordre matériel, l’ordre moral. J’espère que le Gouvernement pourra compter, pour le soutenir dans cette tâche, sur le concours de vos lumières et de vos talents. $ Le maréchal Mac-Mahon compte aussi sur l’armée : il vient de lui adresser une courte proclamation, qui contient ce passage : 4 Vous resterez ce que je vous ai toujours connus, fidèles à la devise que les plus braves d’entre vous portent sur leur poitrine : Honneur et patrie ; Valeur et discipline. » De son côté, le nouveau ministre de l’intérieur a envoyé aux préfets des départements une circulaire qui est, à notre avis, le programme du Gouverne ment du 25 mai. « Rien n’est changé dans les institutions actuelles qui régissent la France, dit ce document ; le président de la République exerce le pouvoir au même titre et en vertu des mêmes lois que son prédécesseur. » Mais la pensée intime du cabinet se retrouve dans ces paragraphes : « Le Gouvernement, monsieur le préfet, vous donne sa confiance ; il réclame en échange tout votre dévouement. Mes instruc tions ne vous feront pas défaut, n’hésitez pas à vous y conformer et ma responsabilité couvrira toujours la vôtre. Ce que l’Assemblée nationale attend avant tout du Gouvernement qu’elle a institué, c’est un personnel administratif inspiré par une même pensée, dirigé avec précision, et se mettant ouvertement à la tête des conserva teurs... N’hésitez pas à dire bien haut de quel côté sont vos sympathies et nos encouragements. Entrez dès à présent en communication cons tante avec les populations que vous adminis trez ; la netteté de votre attitude suffira pour relever leur moral, décourager les tendances anarchiques et assurer le respect de l’Assemblée nationale et de la loi. » Depuis longtemps, on était deshabitué d’un langage aussi énergique, que M. de Goulard, dans ses jours de plus grande résolution, n’avait pu tenir, tiraillé qu’il était par des influences contraires. Les modifications dans le personnel adminis tratif ne sont pas encore terminées ; et on rap porte que le ministre de la justice a eu avec un grand nombre de procureurs généraux, des conférences dont le but était de déterminer les modifications à apporter dans la composition de certains parquets. On dit aussi que M. Ernoul est dans l’intention de recommander aux par quets d’observer la plus grande réserve en matière politique et de faire passer les préoccu pations de cette nature après les intérêts de la justice. « ...Enfin, dit un des meilleurs journaux de...