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Les Tablettes des Deux-Charentes, 29 août 1868

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Les Tablettes des Deux-Charentes
29 août 1868


Extrait du journal

Nous ne savons si le chaleureux appel à la confiance, lancé ces jours derniers par M. Baudrillart dans les colonnes du Consti tutionnel, portera les fruits que l’honorable économiste en peut espérer; mais si les capitaux n’accueillent pas ses exhortations avec plus de faveur que les publicistes du Pays, il faut convenir que le successeur de M. Paulin Limayrac aura dépensé son encre en pure perte. D’après lui, en effet, rien ne menace aujourd’hui le repos de l’Europe. Tous les gouvernements sont animés des intentions les plus pacifiques, et ce qui porte le plus d’ombrage aux étrangers, noùs vou lons dire la nouvelle et redoutable organisa tion de nos forces militaires, est précisément ce qui constitue la meilleure garantie de la conservation de la paix. Dans son discours d’ouverture au Conseil général de la Côte-d’Or , M le maréchal Vaillant, ministre de la Maison de l’Empereur e< des Beaux-Arts, a particulièrement ap puyé, lui aussi, sur cette note rassurante : « L’Empereur disait, tout récemment encore, « que la paix ne devait pas être troublée et t que tout indiquait qu’elle serait durable, a Oui, Messieurs, l’abondance dans la paix. « mais dans une pake qui ne coûte rien à t son patriotisme, voilà, en deux mots, la « situation de notre pays. » Il importe de remarquer que les mots soulignés par nous dans la citation qui pré cède. s’appliquent d’une manière très affir mative au temps présent et ne se rapportent Eas indirectement à une simple hypothèse. e maréchal ne dit pas, par exemple, que la France désire la paix, mais une paix qui ne coûte rien à son patriotisme : il affirme que la paix dont nous jouissons actuellement offre ce caractère, d’où il suit que tout est pour le mieux et que nous n’avons rien à souhaiter. Ainsi parle publiquement un ministre de l’Empereur, et il est curieux de rapprocher de son opinion celle émise dans le même moment par le journal le Pays, dont on connaît les étroites attaches gouvernemen tales. « La paix, dit ce journal, n’est pas une solution. Elle retarde indéfiniment le mo ment des explications, et plus on ira, plus les difficultés s’accroîtront. « Personne plus que nous n’aime la paix, mais il y a des paix plus malheureuses que les guerres ; la paix dont nous jouissons est une de celles-là. « Et il n’y a là-dessus qu’un seul mot dans toute la France. Chacun s’attend à la guerre un jour ou l’autre. Tout le monde est d’accord sur la nécessité qu’il y a, un jour ou l'autre, de jeter l’épée de Brennus dans les plateaux de la balance de l’Alle magne. « Donc, qu’attendez-vous? Votre armée est prête. Vos armements sont complets. Les milliards vous arrivent empressés et confiants. Allez-vous attendre que vos enne mis soient plus prêts que vous, et répéter le mot malheureux de Fontenoy: «Tirez les « premiers, messieurs les Prussiens ! » « S’ils tirent les premiers, leurs balles peuvent labourer les clochers de Strasbourg ou de Nancy, tandis qu’ils ont chez eux assez de monuments pour nous servir de cible. « Ah ! si l’on disait, si l’on croyait que la paix pût être durable, nous comprendrions qu'on s’efforçât de la maintenir par tous les...

À propos

Fondées en 1843, Les Tablettes des Deux-Charentes furent une parution bihebdomadaire (puis trihebdomadaire) vendue dans les départements de la Charente et de la Charente-Maritime. Le journal disparaîtra un siècle plus tard, en 1944.

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