Extrait du journal

Le prince-président n’a pas besoin de ce secours extérieur. Pour transformer la République en Empire, il lui suffit d’un acte de sa volonté. Cela lui était possible le 2 décembre et assez longtemps avant le 2 décembre. Ce qui était possible est devenu facile. 11 n’y aurait ni résistance, ni surprise. On s esi accoutumé à cette idée, à Paris comme ailleurs. Les plus m écoutons ne seraient pas trop mécontent. Lorsque le prince est rentré dans la capitale, il y a huit jours, au bruit du canon et des cloches, au mile des acclamations populai res, suivi de ce long cortège de généraux et de grands per sondages , salué de cette armée qui n’est pas sa seule force, dans un éclat de royauté dont Louis-Philippe n’osa jamais s’entourer, non seulement personne ne murmura contre cette pompe litre et soudaine, mais personne n’en fut même cho qué , et généralement elle fit plaisir. Nous y étions et nous l’avons vil. Sur ce même boulevard , on avait vu les proses .'ioiu du gouvernement provisoire. Chacun pouvait se repor ter aux impressions poignantes que produisait l’aspect de ces huit ou dix malheureux , piétinant dans la crotte sous la garde des hommes d’armes de M. Caussidière et des hommes de pensée de M. Blauqui. Les acclamations qui s’élevaient sur leur passage ressemblaient terriblement à des huées. Il-, axaient peur et ils faisaient peur. C’était là le pou voir , et l’on s’estimait encore heureux que la cohue qui les suivait voulut bien régler son pas sur le leur , H n’eût point le caprice de faire un mouvement qui les eut écrasés comme de misérable \ers. A leur place, après tant de chaudes alarmes, personne n’était fâché de voir, tranquille ment assis dans sa voiture, un homme, un chef, un soule ricin qui ne dépend point delà mauvaise humeur d’un batail lon de la garde nationale ou des combinaisons d’un meneur île parti....