Extrait du journal

Tout l’Orient de l’Europe est à feu et à sang, et, pas plus que la -Conférence de ‘la Haye, le Congrès de Vienne n’y peut Tien. Pour ramener la paix en Macédoine, il faut recourir aux vieux moyens ^et y recourir au plus vite. C’est un danger et une honte pour le monde civilisé flue ce massacre -permanent qui se perpétue à sa porte, que ces incendies, ces destructions, ces viols, ces zélés coupées, icos vieillards empalés, ces villes saccadées. A quoi servent les milliards que "nous dépensons à nos différents budgets xle la marine et de la guerre si nos armées ne peuvent pas même faire office tie gendarmerie internationale et si -nous ne savons pas mettre fin au désordre, au pillage et à l’assassinat en masse ? 11 est vrai qu’une intervention générale des Puissances pourrait entraîner une guerre générale ; il est vrai, aussi, que la Russie et l’Autriche, plus intéressées que les autres dans le conflit, se sont chargées de rétablir la paix dans les Balkans, d’obliger le Sultan à des réformes. Mais, qu’ont-elles fait jusqu’aujourd’hui ? Par quels actes, ou plutôt par quels résultats, se sont manifestés leur intervention et leur accord ? Choses-curieuse ! Depuis qu’elles oui promis de rétablir la tranquillité dans la péninsule, la bataille est devenue plus sanglante et plus atroce. Sans doute, elles ^pensent davantage à se surveiller mutuellement qu’à mettre fin à cet effroyable état de choses. La Russie redoute l’ambition de l’Autriche et l’Autriche a peur de l’influence trop grande de la Russie. Celte défiance mutuelle leur fait oublier le Grand Turc et les Macédoniens. Elles se montrent aussi impuissantes que les Conférences et les Congrès. Il serait temps, cependant, d’aviser. Si la situation actuelle se prolongeait longtemps encore, on ne sait quelles complications pourraient se produire. Et ce que tout le monde craint avec -tant de raison pourrait fort bien arriver....