Extrait du journal

Après des discussions aussi interminables qu’inutiles la Chambre a voté les crédits nécessaires à l’expédition de Ma dagascar. Certes, je suis loin d’être un des chauds partisans de notre extension coloniale. Chaque fois qu’un de nos compatriotes, amoureux d'aventures et trouvant que le pavé de bois de Paris manque de charme, part à la recherche de terrains inconnus au sud de l'Afrique ou ailleurs ; lorsque les journaux racontent par le menu ses complets en flanelle blanche et sa provision de verroterie destinée à éblouir les sauvages et à échanger des articles de Paris à 4 sous contre de l'or plus ou moins vierge, j’éprouve toujours quelque inquiétude. Il suffit, en effet, qu’un explorateur officiel ou simplement amateur pose le pied dans une contrée où personne ne s’est risqué jusque-là pour qu’il plante aussitôt notre pavillon au milieu de cette tribu étonnée. Et si une jeune indigène séduite par nos trois couleurs se confectionne un pagne avec notre drapeau,voilà un «Casusbellb : notre emblème national a reçu un affront!...