Extrait du journal

M. Floquet. d’un air rêveur, me disait un jour : « Gambetta est fort; il a une légende. » C’était vrai. On l’a bien vu par ses funérailles, les plus retentissantes de ce siècle. Au lendemain de l'écroulement de l’empire, M. Gambetta avait incarné de force on lui la France envahie. Sans la consulter, il l avait, condamnée A se battre jusqu’au dernier homme, pas d’élections, pas d Assemblée, lui seul ! 11 avait, pour son usage, refait le mot historique : la patrie, c’est moi. Et il avait improvisé des armées, et il avait emprunté de l’argent à l’étranger, et il avait, pendant cinq mois d’un hiver atroce, tenu l’envahisseur en échec et le pays, des Alpes à la mer, dans la lièvre et l'angoisse... L’empire s'était rendu ; la République, même trahie, ne se rendait pas. La légende de Gambetta, la voilà ! C est cette lugubre, mais héroïque épopée qui s’est réveillée sur son cercueil. C est ce pastiche sanglant, mais impuissant, des appels suprêmes et des levées formidables de la Convention,qui s’est redressé dans l'imagination populaire....