Extrait du journal
Linfluença n’est pas la seule épidémie qui sévisse à Paris. Il en existe une autre, plus localisée, mais moins bénigne : Vindiscrezione. Nous voulons tout savoir, nous disons tout, nous imprimons tout! Nous ne nous demandons pas s’il est des choses qu’on doit ignorer, qu’il faut taire, que l’on ne doit pas confier au papier. Non, notre rage d’apprendre, d’enquêter, de raconter, de bavarder, s’exerce à tort et à travers ; quand nous n’avons rien trouvé, nous inventons. Nous nous contenons si peu, que nous sacrifierions notre intérêt à cette incontinent de langage. Lisez l’avertissement si sage que le ministre de la guerre vient d'être obligé d’adresser à la presse par l’Agence Havas. Nous ne savons même pas garder le secret de la défense nationale. Il faut que nous ayons l’oreille collée à la porte des conseils de la guerre. On n’entend pas, on comprend mal, on ne publie pas moins. Que l'opinion se trouble ou s’irrite, il ne nous en chaut, mais l'étranger ? Ce n'est pas de la frontière qu’il guette et qu’il écoute. Il n’a pas besoin de se hisser sur la pointe de ses bottes pour être au courant de ce qui se passe, de ce qui s’clabote, de ce qui se projette chez nous. Il a parmi nous, dans nos banques, dans nos journaux, dans nos salons, dans nos administrations les plus fermées, des espions de tout sexe, de toute taille, à toute main, qui lui rabattent un précieux gibier. Mais rien ne le sert mieux dans cette chasse à l’information que l’exubérance brouillonne d'une certaine presse. Si elle était plus sûre, elle le dispenserait d’entretenir parmi nous des reptiles chers. Il en aurait pour rien. Le premier qui fut préfet de Nice, après 1860, un Pietri, je crois, avait l’habitude de dire : « Je fais » l’économie d’une police en recevant » un q :art d’heure tous les matins la » fleur des Niçois. » Ainsi des nouvelles militaires. Ce sont des Français qui sont les meilleurs lisiers de l’étranger. Plan de mobilisation, armement, Epoudres , fortifications, tout y passe....
À propos
Conçu comme un équivalent républicain du Figaro, L’Événement, troisième du nom, est créé par Auguste Dumont et Edmond Magnier en avril 1872. Classé au centre-gauche sous Thiers, il passe au radicalisme à partir de 1875. Vendu 15 centimes, le succès de ce titre radical fut médiocre, surtout au siècle suivant mais il perdura malgré tout jusqu’en 1966. Du reste, L’Evénement cherchait surtout à défendre les causes politiques et financières de son propriétaire, notamment le Crédit Foncier sous Henri Privat.
En savoir plus Données de classification - réjane
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