Extrait du journal

LE CADAVRE La question du cadavre est résolue enfin. Avouons qu’il était temps que ce pénible débat prit terme. En politique, le cadavre a joué, joue et jouera toujours un rôle prédominant. Presque tous les mouvements d’opinion, de haut ou de bas, de bas le plus souvent, ont été déterminés par le « cadavre ». Pour ne pas fouiller bien loin dans l’histoire, nos pères ont vu en 1832 le cadavre du général Lamarque et, seize ans après, le cadavre de l’ouvrier du boulevard des Capucines. Le cadavre de Victor Noir s’est dressé tout droit devant les derniers éclats de rire de la fête impériale. Vous n’avez pas oublié le cadavre de M. T hivers, que suivaient cent mille hommes décidés à ne pas laisser v,'effectuer le coup d’Etat rêvé par M. de Broglie et si piteusement mené par M. de Fourtou. il y a dix jours, ça a été le tour du cadavre de Gambetta, pompeusement mené au travers de la ville et salué do tous les patriotes. Moins heureux que ses prédécesseurs, ce cadavre politique a soulevé une tempête inattendue. On le tiraille, on le trimbale, on se l’arrache, ce cadavre. Pauvre cadavre, qui a pourtant bien gagné son droit à I éternelle immobilité, et au repos définitif « des superbes et des humbles » !...