Extrait du journal

Avoir aimé une jeune fille, charmante, belle, intelligente et digne d'être aimée, l’avoir adorée d'une tendresse d’autant plus intense et jalouse qu’elle s’ignora elle-même avant de remplir notre âme, pour tout y renouveler,— et apprendre que cette fiancée de notre rêve est rive nue la maîtresse d’un vieillard libertin; que, pauvre, découragée, vaincue par la misère, elle a suivi l’exemple de tant d’autres, et après bien des luttes, des tentations et d^s remords prématurés, elle accepta la destinée navrante et banale des pécheresses vulgaires, il y a là, certes, une source intarissable de douleur et d’angoisse morale pour un galant homme, dans la véritable acception de ce mot, celle qut implique la vraie noblesse des sentiments, des idées, des actes et des paroles,et non point cet honneur factice et bruyant des gens du monde et des gens de cercle, qui n’est qu'une parodie de l’honneur véritable....