Extrait du journal

Deux partis étaient en présence, celui des turbulents et celui des modérés, l’agitation et la civilisation, Blanqui et la France. Latartine ne s’est pas déclaré nettement pour un de ces partis 11 a rêvé une conciliation impossible, il a essayé de ramener les facétieux par le raisonnement, il a discuté avec les fous furieux. Il a parlé quand il aurait fallu agir. Dans un temps ordinaire, lorsque les passions se taisent et que les convictions écoutent, on peut parlementer avec les doctrines ; mais dans ces jours de tempête et de tremblement de terre où toutes les barrières se rompent, où toutes les violences s’échappent, où tous les instincts rampants ou féroces errent librement dans la rue, l’heure de la persuasion est passée ; ce n’est pas avec des mots qu’on muselle les bêtes fauves. Qu’estil résulté des cordiales et éloquentes tentatives de Lamartine? Qu’ont produit tant de louchant appels à la concorde, tant d’efforts vers l’union, tant de concessions faites aux exigences des clubs, les fusils livrés à Sobrier, l’armée tenue en suspicion et rejetée de Paris ? Où cela nous a-t-il conduits? Au 15 mai et au 24 juin ! Lamartine a transigé avec la gangrène, et tout le corps a failli mourir....