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L’Hermine, 4 février 1848

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L’Hermine
4 février 1848


Extrait du journal

leur lexique d’un nombreux supplément de stupidités toutes faites. Ce sont le jeu de ta monarchie soi-disant représen tative, le développement des communications, le tracement de nouvelles routes, l'établissement des chemins de fer, et surtout la question qui se rapporte aux intérêts des classes laborieuses. Les ouvriers, à différentes reprises, se sont insurgés dans le but d’obtenir une augmentation de salaire, car il est bien évident que celui dont ils jouissent peut à peine leur suffire. C’était, comme vous le voyez, une pure ques tion d’estomac , les conservateurs en ont fait une question d'intelligence. L’opposition , l’envisageant sous son véritable point de vue, a indiqué le remède, en réclamant une nouvelle orga nisation du travail. Or, vous croyez peut-être que les con servateurs ont cherché un moyen, ne fusse qu’une nou velle manière de préparer la pomme de terre ou de manger des œufs à la coque ? — Du tout ! ces gens ne se ravalent pas à ces grossières idées. Dans celte région, l’on ne des cend pas pour si peu de la haute sphère intellectuelle où on s’est élancé ; les conservateurs savent trop bien ce qu'ils doivent à notre siècle des lumières. Voici, en résumé, ce qu’ils ont trouvé de mieux. Les ouvriers ne jouissent que d'un salaire insuffisaut, di tes-vous. Eli bien ! établissez des écoles put tout, faites-les participer aux bienfaits de la civilisation. Tout cela est fort bon : mais leur salaire est insuffisant, vous dis-je, et le plus pressé serait de l'augmenter. C’est possible. Eh bien ! alors, qu’on agrandisse leurs communications, qu’on étende leurs relations sociales, ces relations qui font la prospérité des empires et le charme de l’existence. — Soit ! mais, avant tout, songez qu’ils n’ont pas de souliers. — Ils n’oat pas de souliers, dites-vous, qu’on leur cons truise des chemins de fer. Mais ils nom pas de pain... — Qu’on fonde une bibliothèque parmi eux. — Mais ils n’ont pas le sou !.. — Eh quoi ! les malheureux n’ont pas le sou !... qu’on s’empresse d’établir parmi eux une caisse d’épargnes, la caisse d’épargne est une institution essentiellement philan tropique et moralisante, c'est la fortune de celui qui n’a rien. Au surplus, nous ferons des lois en faveur de la pro priété, et au lieu d’accorder les droits politiques à ceux qui n’ont rien, nous leur conseillerons le veau rôti, le poulet et le vin de Bordeaux, comme nourriture fort saine, lorsqu’on n’a rien à manger ! Tomy de la Haye....

À propos

Fondé en 1837 à Nantes, L’Hermine était un quotidien monarchiste légitimiste dirigé par Jacques Crétineau-Joly. Il disparaît en 1850.

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