Extrait du journal
Nantes, Samedi, 14 Octobre 1848. Toujours l'état «le elége î Il n’y a guère plus de trois mois que Paris, menacé par l’a narchie, jetait de grands cris de détresse, et toute la France volail à son secours. Aujourd’hui c'est la conspiration du despotisme dictatorial contre la liberté, et Paris, courbé sous le joug le plus écrasant, n’a pas moins besoin de notre assistance. L’état de siège, cette ressource in extremis des jours de terreur et de désordre , ce remède violent qui ne sauve le ma lade qu’en le soumettant aux traitements les plus cruels ; L’état de siège, cette situation anormale et désespérée, qui ne peut laisser, quand elle se perpétue indéfiniment, aucune illusion, aucune espérance aux masses industrielles et commer çantes , vivant de la paix cl de l’ordre , dont l’union seule enfante le crédit ; L'état de siège , cette ruine et celle honte de Paris, vient encore de trouver au sein de l'assemblée des partisans et des souteneurs. Ainsi donc la grande cité, qui s’arroge l’initiative de toutes les révolutions politiques et sociales , et croit avoir mission de donner la liberté au monde, consent à vivre privée de toute indépendance d’action et même de pensée sous l’oppression d'un dictateur ! Le Jupiter olympien qui nous gouverne, veut rester armé de toutes ses foudres! et Paris le lui permet... Que se passe-t-il donc là-bas? Ou Paris est un volcan toujours prêt à lancer ses flammes et à vomir scs laves, et alors il faut en finir avec ce voisinage dangereux qui met le comble à notre détresse en entretenant dans le reste de la France le trouble et l'effroi. Ou bien la moderne Rabylotie, déposant toute indépen dance, sans nul souci de ses droits et de ses libertés, est réso lue à se jeter dans les bras du premier ambitieux qui saura lui imposer par son audace, et alors la province devra-t-elle se rendre complice d'une si honteuse capitulation ? Ces mots dictature ou anarchie sont-ils gravés à jamais à l’extrémité des deux bras des télégraphes républicains, et resterons-nous toujours à la veille de voir s'abattre sur nous l’un et l’autre de ces fléaux ? En vérité ce serait trop de patience en présence de tant de félonie de la part de ces prétendus républicains de la veille , effrontés exploiteurs de la situation , si les événements ne marchaient pas si visiblement enfin dans le sens du droit et de la raison , s’il n’était pas si évident pour nous que ce retour bien tardif mais assuré vers le bien, va nécessairement nous amener une de ces solutions heureuses qui réduiront à né.mt les sourdes intrigues et les secrètes menées de certains am bitieux aussi insensés que coupables envers le pays. En effet, depuis quelques jours les fronts se désassombrissent, les cœurs se dilatent, il y a presque un sourire sur nos lèvres, presque de la joie au fond de nos cœurs. C’est que la vérité commence à poindre , elle perce malgré tout au travers du chaos au sein duquel on essayait en vain de l’enfouir ! Le jour se fait, l’opinion sc forme , et tous les hommes qu’il lui importait tant de bien connaître apparaissent enfla ce qu’ils valent et ce qu’ils sont avec leurs vices, leur...
À propos
Fondé en 1837 à Nantes, L’Hermine était un quotidien monarchiste légitimiste dirigé par Jacques Crétineau-Joly. Il disparaît en 1850.
En savoir plus Données de classification - sénart
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