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L’Hermine, 18 septembre 1850

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L’Hermine
18 septembre 1850


Extrait du journal

Nantes, Mercredi 18 Septembre 1850. Devant l’impunité, nous serions ptesqu’en droit de dire la protection, dont le ministère et la police de fit. Carlier ont rou vert jusqu'à présent les faits et gestes des membres de la So ciété du Dix-Décembre, toute la presse, à l’exception de quelques feuilles, tristes et honteux échos du rêve impérialiste, ont flétri avec une juste indignation les monstrueux excès de cette bande, recrutée parmi les déserteurs et les besogneux de tous les partis, et qni déjà en sont à désavouer les hommes qui les ont enrôlés et mis en mouvement. Mais il reste encore à la presse indépendante de tous 1rs pat lis, et nous avons la confiance qu’elle le comprendra, un devoir à remplir : c’est que de tous les points de la France ses organes se rendent les interprètes, auprès de nos représen tants, de l’obligation que leur impose leur mandat, d’avoir, aus sitôt leur rentrée à l’Assemblée, à réclamer une enquête sévère sur des actes, qui, si l’on fait avec impartialité la part des temps et des droits que croyaient pouvoir s’arroger impu nément les pouvoirs gouvernants, laissent loin derrière eux ia brutalité des assommeurs de M. Gisquet ! Nous ignorons à quelle limite s’arrêtent les pouvoirs con férés à la commission défi vingt-cinq représentants, auxquels, pendant la prorogation de l’Assemblée, sont imposées une sur veillance et une tàcbe qui ne sauraient ê»re illusoires; mais nous croyons pouvoir nous porter garants, que toute initiative émanant d'elle, qui réclamerait la répression immédiate de pareils actes, en même temps qu’une enquête sérieuse, obtien drait l’approbation de tous les h -mroes qui n’ont pas renoncé à tous sentiments d’honneur, d’indépendance et de liberté. De ces scènes de scandale il ressortira du moins l’avan tage de faire connaître à la France quel serait pour elle le Pouvoir qui se révèle par de tels préludes, et dont les adeptes et les séides poursuivent Vavénement par d’aussi coupables moyens. Voici la lettie que M. Menciaux, officier d’état-major de la garde nationale de Paris, adresse ail Siècle au sujet des vio lences dont il a été victime. « Un journal ayant cru devoir publier un récit des événements de la soirée de jeudi, dans lequel mon nom se trouve mêlé, je crois devoir rétablir les faits dans leur simple vérité. J’étais résolu à étouffer en moi l’indignation que je ressentais et à ne pas recourir à la publicité. Nos journaux ne se répandent pas seulement en France, mais ils vont encore à l’étranger, et j’aurais voulu pour ma part qu'eu dehors de nos frontières on ignorât toujours que des actes de la plus hideuse sauvagerie s’accomplissent encore dans notre mal heureux pays. Mais puisqu’on en a parlé, voici la vérité : Jeudi soir,je revenais avec ma famille par le train de Saint-Ger main de huit heures j’étais en tenue de campagne ; sur la tête j’avais un chapeau de feutre blanc à larges bords. En débouchant sur la place du Havre, surpris et inquiet de voir un grand déploiement de troupes, je confiai ma femme à son père, en lui disant de gagner promptement la rue d’Isly où il demeure. Puis, le chapeau à la main, je m’approchai d’un chef de bataillon et lui demandai : — Commandant, pardon, j’arrive à l’instant de la campagne, se passe-t-il quelque chose ? Je suis capitaine d'état-major de la garde nationale. Est-il nécessaire de me rendre à mon devoir ? — Il ne se passe rien, Monsieur, me fut-il répondu ; nous atten dons simplement le président. Je saluai et me dirigeai vers la rue d’Isly, à travers une foule assez compacte et qui jetait des cris assourdissants de vive Napo léon ! J’approchais de la rue, quand je me sentis serré de près et bousculé ; en me retournant, je me vis corps à corps avec une douzaine d’individus en bourgeois, à l’air aviné et de mines peu recommandables. Tous m’interpellaient à la fois, me menaçant du poing, et criaient si fort, qu’il m’était impossible de les comprendre. En ce moment et sans autre préambule, je reçus un coup violent sur la nuque; une seconde atteinte renversa mon chapeau ; je me baissai pour le ramasser, et c’est alors seulement que je pus distinguer les cris de : A bas les blancs f à bas le chapeau blanc ! s chapeau blanc f vive Napoléon J Quand je me redressai, j’étais enveloppé, frappé par devant,...

À propos

Fondé en 1837 à Nantes, L’Hermine était un quotidien monarchiste légitimiste dirigé par Jacques Crétineau-Joly. Il disparaît en 1850.

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