Extrait du journal

Le Journal des Débats, dans un article fort embarrassé, entreprend de prouver, dans son numéro d’aujourd'hui. que c’est aux lignes très-déplacées qui ont accueilli la lettre que lord Aberdeen a adressée à l’amirauté anglaise , qu’il faut seulement attribuer les invectives et les outrageuses décla mations de la presse de Londres h notre égard. Nous ne saurions nous étonner, d’après les antécédents de la feuille de la liste civile, de lui voir entreprendre la défense de nos voisins d’outre mer, même lorsque leur arrogance dépasse les bornes du bon goût et de la raison, et nous passerions condamnation sur le paradoxe du Journal des Débats, s’il ne prétendait tirer de la mauvaise humeur de la presse anglaise celte conclusion , que M. Guizot n’est et ne saurait être le ministre de l’élranger ; qu’il n’humilie ni l'honneur ni la dignité de la France, et que bien loin que la France soit à la remorque de l’Angleterre, c’est au contraire l’Angleterre que nous traînons h notre suite. Le Journal des Débats pourrait le prouver sans doute , mais il s’en abstient et fait acte de prudence. Nous ne croyons pas, nous, qu’il soit nécessaire de bien des phrases pour démontrer l’erreur par trop grossière, dans laquelle ce journal prétend faire tomber ses lecteurs. Il suffirait de se rapporter à l’histoire de cesilernières années pour se bien convaincre, que le gouver nement, en toute occasion , a tout fait pour se concilier les bonnes grâces de l’Angleterre ; mais que prières, humi liations, aliénation de notre indépendance, concessions , rien n’a fait pour vaincre des prétentions et des exigences d< plus en plus intolérables, et que le Journal des Débats est singulièrement audacieux de jeter un démenti aussi formel, non-seulement aux faits passés, mais encore à ceux qui se déroulent tous les jouissons nos yeux....