Extrait du journal

R.P., et tous les alchimistes du mode de scrutin vous donnent de doctes consultations. Les alchimistes, aujourd'hui, sont presque tous ralliés à la proportionnelle. Ils invoquent Charles Benoist et Jaurès. Ils vous expliquent avec abondance que rien n'est plus clair, ni plus simple, qu'un système qui fabriquera, par le jeu du quotient, trois sortes de députés : ceux qui représenteront vraiment une circonscription, ceux qui seront le produit d'une première accommodation des restes, ceux qui, enfin, dans le cadre national, se tailleront un mandat dans le reste des restes. Cela n'est pas très compliqué. Par voie de conséquence, les députés de la première série, choisis par les Comités, seront seuls connus des électeurs et auront seuls à leur rendre des comptes, et à s'acquitter des menues obligations que comporte la fonction ; les députés de la seconde série ne dépendront que des Comités ; et ceux de la troisième, grands seigneurs de la politique, se seront désignés euxmêmes au sein des organismes centraux de leurs partis respectifs. Il y aura donc un Prolétariat de la représentation nationale, puis des Classes moyennes, enfin une Aristocratie. Et les électeurs n'interviendront que pour mettre dans l'urne un petit carré de papier qu'ils n'auront pas le droit de modifier. Ils prendront le carré de papier qu'ils voudront, bien entendu, mais l'ordre de présentation de la liste qui aura leurs préférences ne pourra être changé. « Pas de panachage et pas de rature.» Sinon les candidats de chaque liste se battraient entre eux comme les naufragés du radeau de la Méduse. Une première bataille aura déjà lieu avant, au sein des Comités, lorsqu'il s'agira de-dési-...