Extrait du journal

De tout temps, il fut dans la tactique de nos voisins d'outre-Rhin de poursuivre ainsi concurremment le succès par des coups, d'audace sur les champs de bataille et par des négociations cauteleuses menées dans, l'ombre et le mystère. Bismarck fut un maître à ce jeu et, se plaisait, comme. on sait, à soumettre ses adversaires, pour les mieux affaiblir et paralyser, au système de la douche alternée, tantôt tiède, tantôt glacée. Ses successeurs continuent. Indépendamment de la fidélité à- des pratiquas ̃̃̃consacrées par mainte réussite, l'heure, du reste, incite impérieusement l'Allemagne à. des tentatives de 'Cet ordre. Comment n'essaierait-el>le pas «l'induire les, nations qu'elle a assaillies à une paix brusquée, alors qu'elle est encore ou paraît encore en situation de dicter les conditions ? Sur les deux fronts où elle a. poussé, an début, son effort, elle a 'obtenu des avantages considérables. Elle tient la Belgique et la France, du Nord elle occupe la Pologne et la Lithuanie presque entières. Sur le, troisième front, où elle. vient à 1 peine de s'engager, elle semble .également s'avancer en victorieuse. Si donc des pourparlers de paix s'ébauchaient en ce moment, qui pourrait se refuser à saluer en elle la triomphatrice ? Qui pourrait estimer abusives les prétentions qu'elle élèverait et scandaleux les dédommagements, qu'elle exigerait ? h& courtier -corqplaisant, pape, roi ou président, qu'elle mettrait à cette heure en mouvement pour signifier au monde les clauses de la paix que, dans sa magnanimité, elle se serait résolue à consentir ne pourrait que servir ses intérêts- et jouer sa. partie. Dupe, non pas, mais complice, car- s'il est évident qïï-aujoùïd'hui encore, .dans, les. apparences, l'Allemagne tient le bon bout, il -est non moins évident que chaque minute qui s'écoule la rapproche de la catastrophe finale et que l'instant viendra plus rapidement peut-être que nous ne l'escomptons nous-mêmes où les' apparences s'accorderont avec .les réalités profondes-, c'est-à-dire où la défaite de l'agresseur ne fera plus doute pour personne'....