Extrait du journal
Quand on étudie le tableau des dé- ] penses militaires de tout ordre depuis j i 1870 jusqu'en 1906, que M. Poincaré a j J donné dans son budget, on est frappé 1 de ceci à deux cents millions près, < nous dépensons aujourd'hui, en pleine | paix, autant que dans ces deux années 1 1870 et 1871 qui ont porté le poids d'une terrible guerre. Les dépenses militaires ] 'de toute nature s'élèvent, pour l'année 1906, à 1 milliard 300 millions. Les dépenses militaires de toute nature, ordinaires et extraordinaires, s'élèvent pour l'année 1870 à 1 milliard 547 millions, :et pour l'année 1871 à 1 milliard 414 millions, c'est-à-dire à une moyenne de 1 milliard 500 millions. Il est vrai qu'une note au bas du tableau nous avertit que le budget extraordinaire de 1871 contenait en outre, au titre du ministère 'de l'intérieur, une dépense de 88 millions pour la garde, nationale sédentaire 'et mobilisée, pour l'exécution des batteries d'artillerie par les départements, pour divers services de la garde nationale mobilisée, et une dépense de 40 ,millions, au titre du ministère des tra,vaux publics, pour fabrication de caritbuehes et, autres dépenses de défense nationale sous la direction de ce ministère. 11 faut donc, de ce chef, ajouter environ 150 millions aux dépenses de l'année 187L Mais d'autre part figure 'dans les comptes de cette année terrible une dépense de 217 millions pour l'entretien des troupes allemandes or, cette dépense est une conséquence de la défaite, et comme une partie de l'indemnité à payer par le vaincu elle n'est pas une dépense de guerre et de 'défense. A balancer tous ces chiffres, on peut donc dire, comme je l'ai indiqué au début, que ces deux années effroyables de 1870 et de 1871, sur lesquelles a pesé l'effort de lai guerre, n'ont coûté à la France que deux cents millions de plus que Tannée de paix 1906. Je ne dirai pas que nous avons tous les ans, financièrement, la guerre 'de 1870-1871 car c'est sur deux années que s'est réparti le poids financier de cette guciie. Mais un peut dh-e, avec une sorte de rigueur mathématique, que nous dépensons aujourd'hui, pour la guerre et pour la marine, autant que si nous avions à soutenir tous les deux ans la guerre de 1870-1871. C'est vraiment la guerre en permanence. Nous supportons le même fardeau que si nous avions à défendre perpétuellement le territoire contre l'invasion dans les conditions où cette défense se produisit il y a trente-six ans. Ce qu'on appelle la paix armée est, financièrement, budgéitairement, la quasi-continuité d'une des guerres les plus dures, les plus onéreuses que notre pays ait jamais soutenues pour son indépendance et pour sa vie. On comprend, devant ce fait énorme, l'embarras croissant, des ministres des finances dans notre pays (et dans tous ̃les pays). M. Poincaré est dans une situation très difficile, et il risque fort, si on me passe une métaphore militaire .qui ne convient que trop à mon sujet, S'être pris entre deux feux....
À propos
Fondé par Jean Jaurès en 1904, L’Humanité, affichait une double volonté : celle de rassembler les militants du socialisme en France, et celle de les renseigner. Sa rédaction, d’une qualité intellectuelle remarquable, a toujours su se défendre contre les attaques virulantes de la presse de droite, notamment de L’Action française, de L’Écho de Paris ou de La Presse. Attaques qui ont toutefois chauffé les esprits de certains nationalistes : on peut penser qu’ils ont même mené – indirectement – à l’assassinat tragique de Jaurès en 1914.
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