Extrait du journal

II est, d'ailleurs, un autre prétexte qu'invoquent avec complaisance les ennemis du syndicalisme et -qu'ils n'ont eu garde de négliger dans la dernière bataille. A les entendre, le droit du travailleur individuel à refuser de se mettre en grève seraitraussi sacré que celui de ses camarades à suspendre le travail et il devrait être protégé à tout prix. C'est là, je n'hésite pas à le dire, un sophisme dangereux: L'accord collectif est devenu la loi de l'industrie ̃ moderne. D'une part l'organisation patronale a créé et fortifié tous les jours une puissance formidable avec laquelle l'ouvrier isolé est tout à fait incapable de se meeurer. L'orge ri isaf.inn oirCriàne. peut seule restaurer un équilibre,- une égalité, encore bien imparfaite, dans la conclusion des contrats de travail. D'autre part le patronat lui-même a fini par découvrir qu'il avait intérêt à la signature de traités qui garantissent une certaine régularité et une certaine continuité dans le travail. Or le principe du contrat collectif a pour corollaire indispensable le principe du droit de la majorité. Cela est si vrai qu'en fait lès organisations de la bourgeoisie n'ont jamais hésité à l'appliquer. Un patron qui chercherait à se soustraire à -l'action concertée de ses collègues serait bien vite mis hors de combat. Un arrêt récent de la. Cour de Toulouse a expressément reconnu le droit d'un syndicat de médecins à contraindre un confrère récalcitrant, Quand un barreau décide de cesser de plaider, il raye impitoyablement du tableau tout avocat qui désobéit. Il est d'autant plus juste d'étendre le bénéfice de ce principe aux syndicats? ouvriers, -que, pour eux, la question est plus vitale. C'est la trahison des prétendus travailleurs libres, des hlackleas ou jaunes, qui assure le plus souvent la victoire aux patrons. D'autre part, quand la grève a réussi, ces mêmes traîtres profitent exactement comme les combattants des améliorations que ceuxci ont arrachées au prix de leurs sacrifices....