Extrait du journal

Rouanet disait hier dans ce journal que les brigues et compétitions personnelles des radicaux ont beaucoup fait pour cet ostracisme. Chacun voulait en être parmi les maîtres de l'heure Pelletan de l'ex-ministère Combes, comme Baudin de l'eu le ministère Waldeck et Berteaux du défunt ministère Rouvier, ceux de Paris, ceux de la banlieue et ceux de la, province, tels et tels qui y avaient quelque droit de par leurs connaissances, leurs études et leurs aptitu-: des et non moins tels et tels qui n'avaient d'autre titre que leur suffisance et leur appétit. Et Rouanet a certainement raison. Le radical est l'être le moins altruiste que l'on puisse imaginer il ne cède au voisin, même de sa •race, que lorsqu'il a déjà son content. 'Pourtant cette proscription si absolue, si complète de tout élément socialiste .ne va pas sans quelque: autre raison. Il .faut bien, ce me semble, qu'il y. ait eu pourtant d'unanimité, mot d'ordre d'ensemble et action concertée l'intervention de l'indépendant Victor Fort que rapporte également Rouanet, donne peut-être bien la clef de l'énigme. C'est l'argument même, qui avait fleur, ri dans la bouche de M. Clemenceau pour bouter hors la majorité républicaine les éléments de l'extrême gauche socialiste, que M. Victor Ifor't a retourné contre notre ami Marcel Sembat, à la minute décisive. Sembat était depuis des années membre de la commission du budget et y semblait presque inamovible1 dans ses fonctions de rapporteur du budget des postes où il s'était montré si appliqué et si compétent. Nul doute, il allait certainement l'emporter à nouveau 'dans son bureau, quand l'indépendant lyonnais a lancé le garde à vous à toute la troupe radicale....