Extrait du journal

Ah 1 si lès membres de la. majorité êiaîent appelés à- iermuier librement, sans préoccupation d'ordre ministériel, ̃ leur opinion individuelle sur la question en litige entre le gouvernement d'une part, les socialistes et nombre de radicaux-socialistes d'autre part, je sais bien quelle réponse nous serait faite. Il y aurait une majorité considérable pour voter l'amnistie des facteurs. Pris individuellement, il est peu de députés de gauche qui ne consentent à reconnaître que l'entêtement mis par le cabinet à refuser la réintégration totale des facteurs révoqués est déplorable. Tous sont personnellement favorables à: la mesure sollicitée par nous. Pour deb motifs divers, l'énorme majorité est convaincue qu'il serait d'une politique de justice et de sagesse tout à la fois de renoncer à engager le débat qui va s'ouvrir. Les uns sont amenés à cette opinion par •leur esprit de bienveillance naturelle les autres, parce que l'administration des postes et télégraphes compte plus de 90.000 fonctionnaires et que l'instinct de solidarité corporative et prolétarienne les lie à ceux de leurs collègues sur qui s'appesantit la rigueur de l'intransigeance gouvernementale. Et ceux-là se disent que cet esprit de solidarité, ̃qui s'est manifesté depuis quelques années au sein du ^prolétariat" administratif, n'est pas contenu dans les limites du personnel des postes. Tout;' le personnel ouvrier et employé des diverses administrations sent profondément: que la cause dés 60 ou 80 facteurs que le ministère veut frapper pourrébellion.est là sienne. Il y a beaucoup dé députés à gauche qui se rendent compte de cet état d'esprit. Et la crainte étant le commencem«nt de la sagesse, c'^st parce qu'ils redoutent l'effet que produira sur l'immense personnel de nos administrations la proclamation par la: Chambre du principe que le gouvernement veut lui arracher, qu'ils s'émeuvent, au résultat certain de la politique dans laquelle le cabinet veut les engager, lien est, enfin, qui ont. une notion plus haute et plus exacte des conséquences sociales de tout ordre devant sortir de J'approbation donnée par la Chambre à l'attitude du gouvernement en matière de conflits entre l'Etat employeur et ses et. qui reculent à juste titre devant ces conséquences....