Extrait du journal

•«Et nous ? » m'a dit l'autre jour l'em. ployé de chemin de fer. « Et nous » 'm'écrit le clerc de notaire. « Et nous ? » » m'a dit le cocher de remise. « Et nous ? » m'écrivent les travailleurs des bateaux à vapeur. Vous entendez bien que tous me parlaient du repos hebdomadaire, Et ce n'était pas, sans quelque joie, que malgré leurs incertitudes ou leurs exclussions passagères, je les entendais. Oui, il n'y a plus de travailleur français, il n'y a plus d'employé, il n'y a plus d'ouvrier, si humblement, si uniquement occupé de son labeur qu'il soit, qui ne supporte désormais avec peine de travailler sept jours sur sept. Depuis que la loi a prononcé, depuis qu'elle a été promulguée, ils se sont tous réveillés. Ils demandent, au passant, au journaliste, au voyageur ou à l'acheteur, quel est leur sort, quelle est la règle; avec «les autres» aussi, ils en parlent!, ils en discutent. Et dans ce premier effort,dans ce«Etnous?», prononcé avec un sourire où l'on sent le vrai désir du repos permis à tous, il y a déjà comme une première idée de solidarité, comme un premier germe de sen.liment syndical....