Extrait du journal
L'incident amené par le mouillage de la flotte russe dans la baie de Kam-Ranh est clos. Il a reçu la solution qui convenait et on s'explique mal les récriminations de cer tains journaux à ce propos. Car, si la pres se française, dans la majorité de ses orga nes, a reconnu avec loyauté que les règles de neutralité créées par les conditions de la guerre moderne ne sauraient permettre le ravitaillement d'une flotte de guerre dans les ports neutres, à moins de favoriser ce lui des belligérants qui y séjourne et s'y approvisionne, il se trouve, néanmoins, quelques journaux pour récriminer contre ce qu'ils appellent les exigences du Japon. Ces journaux, nous n'avons pas besoin de les nommer : ce sont ceux qui ont toujours fait passer les intérêts, de la Russie avant ceux de la Franoe — ou qui, au moins, les ont tellement liés, ont si bien subordonné l'action politique de notre pays dans le mon de à celle de la Russie, qu'à les en croire, la France devait être désemparée, impuis sante et une proie facile, aussitôt que le bras tutélaire de la Russie épuisée viendrait à lui manquer. S'il en eût été ainsi, il n'y aurait eu qu'un moyen pour la France d'éviter ce péril. Celui de prêter main-forte à la Russie au début même des hostilités. • Ceux-là qui reproduisent avec quelque complaisance les extraits des journaux de Pétersbourg où l'on reproche à la France de s'être montrée ingrate n'ont pas osé le faire. Les rédacteurs des journaux qui pro clamaient avec le plus de force la nécessité vitale pour la France de ne pas laisser la Russie s'affaiblir et qui siègent au Parle ment n'ont jamais osé apporter à la tribune une déclaration ferme, une résolution caté gorique dans ce sens, avec la seule sanction qu'elle comportât, c'est-à-dire l'intervention militaire française. C'est qu'ils savent l'accueil qu'aurait fait, ' nous ne disons pas la Chambre, mais le pays tout entier à une folie de ce genre. Il est donc puéril aujourd'hui de récrimi ner contre Le légitime souci. que prennent les Japonais de veiller à oe que la flotte russe ne puisse recevoir d'aide directe ou indirecte de son alliée et qu'ils aient pro testé contre le mouillage de Rojdestvenski dans un port neutre. D'autant qu'il faut bien convenir que sur cette partie de la côte, la France n'avait pas, comme à Sai gon ou sur tout autre point, les moyens de faire respecter sa neutralité. Malgré lés prétentions d'une partie de la presse russe, le gouvernement du tsar a compris qu'il créerait à la France une situation intenable, absolument inamicale, en persistant à lais ser stationner sa flotte sur- nos côtes, com me elle avait fait pendant des mois à Nossi-Bé, et elle a envoyé des ordres à son amiral. Tout est bien qui finit bien. Nous formu lerons seulement le vœu que notre gouver nement veille à ne plus laisser se produire, désormais, des incidents comme celui qui vient de se dénouer et qu'il ne tenait qu'à lui de prévenir.,...
À propos
Fondé par Jean Jaurès en 1904, L’Humanité, affichait une double volonté : celle de rassembler les militants du socialisme en France, et celle de les renseigner. Sa rédaction, d’une qualité intellectuelle remarquable, a toujours su se défendre contre les attaques virulantes de la presse de droite, notamment de L’Action française, de L’Écho de Paris ou de La Presse. Attaques qui ont toutefois chauffé les esprits de certains nationalistes : on peut penser qu’ils ont même mené – indirectement – à l’assassinat tragique de Jaurès en 1914.
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